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bibliothèque créée par un État pour conserver et cataloguer la production éditoriale nationale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une bibliothèque nationale est créée et gérée par un État qui a pour mission « d’acquérir, de conserver et de diffuser »[1] toutes les œuvres qui sont produites sur un territoire national ainsi que les œuvres produites à l’extérieur du territoire, mais le concernant[2]. De surcroit, la majorité des bibliothèques nationales gèrent le dépôt légal qui est une obligation encadrée par une loi qui stipule que les éditeurs doivent y remettre un certain nombre de copies de tout ce qu’ils publient. Cette loi, ou une incitation dans certains pays permet d’aider les bibliothèques dans leur mission[1],[3]. Une bibliothèque nationale crée ainsi une bibliographie nationale qui recense tout ce qui a été publié sur son territoire[1].
Une bibliothèque nationale est porteuse de sens pour sa nation. Elle incarne l’identité de cette dernière et est généralement un miroir et une source de fierté. Ce type de bibliothèque représente le prestige grâce à son immense collection et les œuvres anciennes et rares qu’elle peut contenir[1],[2]. De plus, elle joue un rôle politique. En effet, au fil du temps, plusieurs politiciens ont marqué l’histoire grâce à des projets touchant leur bibliothèque nationale. C’est le cas de François Mitterrand avec la Bibliothèque nationale de France et de Lucien Bouchard avec la Grande Bibliothèque du Québec[4]. Plusieurs bibliothèques nationales se démarquent et s'imposent par les lieux qui les abritent. On peut penser à la Bibliothèque nationale d’Autriche qui est située sur le site de la Hofburg, un ancien palais royal[5], à celle de la Russie, pour laquelle a été construit un palais de style néoclassique[6] et à la Bibliothèque nationale de la République tchèque, le Clementinum, qui est l’aboutissement d’un siècle de travail par huit architectes[7].
On compte 200 bibliothèques nationales à travers le monde qui se différencient les unes des autres par leurs collections, leurs situations institutionnelles ou la spécificité de leurs missions[8]. Certaines font office de bibliothèque nationale et de bibliothèque parlementaire. C’est le cas de la bibliothèque du Congrès des États-Unis et de la Bibliothèque nationale de la Diète au Japon. Du côté du Canada, la bibliothèque forme une seule institution avec les archives nationales[3]. Le Québec a aussi suivi cet exemple, tout en ayant l’autre particularité d’être, avec la Catalogne, la seule nation qui n’est pas un État, à s’être doté d’une bibliothèque nationale[9]. Certaines utilisent simplement la plus grande bibliothèque de leur pays pour faire office de bibliothèque nationale. C'est le cas de la bibliothèque universitaire d'Helsinki et de celle de Reykjavik[10]. Sans oublier les pays qui ont plusieurs bibliothèques nationales avec chacune des champs de spécialisation différents comme la médecine ou la musique[3].
Le plus grand catalogue en nombre de références est celui de la bibliothèque du Congrès, avec près de 152 millions d'entrées, suivi par celui de la British Library (150 millions d'entrées).
La plus ancienne institution est la Bibliothèque nationale de France qui remonte à 1461.
Dans son survol de l’histoire des bibliothèques, Annik Duchatel soutient que le concept de bibliothèque nationale tire ses origines de la bibliothèque d’Alexandrie, fondée par Ptolémée Ier au IIIe siècle av. J.-C.[11]. C’est toutefois plus tard que celui-ci prend de l’expansion pour ressembler à ce que l’on connait aujourd’hui.
Les premières bibliothèques nationales découlent des bibliothèques royales. C’est par exemple le cas de celle de la France dont l’histoire remonte à plusieurs siècles[12]. C’est à partir du XIXe siècle qu’apparaissent les bibliothèques nationales telles qu’on les connaît aujourd’hui. On souhaite alors qu’elles servent à représenter l’identité d’une nation et plus seulement d’un monarque et qu’elles conservent et diffusent tout ce qui se rapporte au domaine de l’écrit. On a vu apparaître ce modèle à la bibliothèque du British Museum de Londres et à la Bibliothèque royale de Paris et celui-ci s’est rapidement répandu ailleurs dans le monde[13].
Denis Pallier distingue trois générations de bibliothèques nationales[14].
La première génération de bibliothèques nationales, qu’il situe avant 1800, se caractérise comme encyclopédique et universelle. Philipe Sauvageau affirme que cet idéal encyclopédique se traduisait par la constitution de « collections anciennes et modernes sur tous les sujets du savoir universel »[15]. Il précise que ces bibliothèques cherchaient à offrir « l'essentiel du savoir humain dans toutes les langues et sur tous les sujets »[15]. Cette génération comprend des bibliothèques comme la British Library à Londres, la Library of Congress à Washington et la bibliothèque nationale de Paris. Dès lors, l’on voit émerger une image distinctive de ces établissements qui est de conserver, préserver et valoriser l’histoire et la culture de leur nation d’attache. En ce sens, l’auteur définit la fonction de cette première génération de bibliothèques nationales comme suit : « de constituer, rendre accessibles sur place et conserver pour la postérité les principales collections d’imprimés d’un pays, auxquelles peuvent s’ajouter manuscrits, gravures, cartes, musique, monnaies et médailles »[14].
Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour voir une multiplication des bibliothèques nationales[11]. Celles qui sont fondées à cette époque appartiennent davantage à la deuxième génération qu’identifie Denis Pallier. Bien qu’elles contribuent à l’affirmation de nouvelles nations, notamment en Amérique du Sud, ce qui s’inscrit dans la continuité de la première génération, elles se distinguent dans leur évolution et leur collection en se fixant des objectifs plus précis. Par exemple, « dans les pays de l’Est, les bibliothèques nationales se sont développées sur un même modèle, avec pour premier objectif de promouvoir l’éducation socialiste des peuples ». Avec le développement des bibliothèques spécialisées, une distinction se crée également entre les bibliothèques nationales qui collectent la littérature étrangère dans tous les domaines et celles qui se limitent aux sciences humaines[14].
Finalement, la troisième génération de bibliothèques nationales que distingue Denis Pallier apparaît après la Seconde Guerre mondiale. Ce modèle est perçu comme une tête de réseau, met l’accent sur une collection courante et vivante et son accessibilité est davantage libre. Il est popularisé notamment en Afrique et en Asie. Suivant la tendance européenne, le contenu spécialisé passe vers le secteur universitaire[14].
Dans la même ligne de pensée que Pallier lorsqu’il parle d’un « accès [..] plus libéralement accordé »[14] qui arrive avec la troisième génération de bibliothèque, Geneviève Clavel-Merrin note qu’historiquement l’accès à ce type de bibliothèque et à ses documents étaient réservé aux chercheurs. Or, ce n’est plus le cas de nos jours. Traditionnellement perçue comme des gardiennes du patrimoine national ou comme des musées par la population, elles ont évolué vers des institutions ouvertes et accessibles[16]. Cette démocratisation de la bibliothèque nationale ne fait que continuer de s’accentuer avec l’omniprésence du numérique. Guy Berthiaume évoque un « temps où seuls les étudiants diplômés, les professeurs et les chercheurs visitaient les bibliothèques et les archives nationales »[17], soit un public assez restreint. Or, avec le web et l’accès aux collections en ligne, il remarque un engouement grandissant pour la connaissance que recèle ce type d’institution auprès de la population générale. Cette découverte des collections avec internet entraine à son tour plus de visites dans les lieux physiques. À titre d’exemple, en 2017, la fréquentation de la bibliothèque nationale de France a augmenté de 14 % et la British Library a atteint le 1,5 million de visiteur par an[17].
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