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La Mi-Carême à Paris, longtemps appelée également Fête des Blanchisseuses, est de facto au moins depuis le XVIIIe siècle la fête des femmes de Paris dans le cadre du féminin Carnaval de Paris.
Elle se fête également en banlieue de Paris et en province. Elle est aussi jadis la fête des débitants de charbon et des porteurs d'eau[5]. À partir de 1893, elle devient la grande fête des étudiants parisiens.
La Fête des Blanchisseuses a également été appelée jadis cortège des lavoirs ou Fête des grenouilles, en référence à l'eau omniprésente au lavoir.
Le Carnaval de Paris dure traditionnellement depuis le 11 novembre jour de la Saint Martin — c'est toujours le cas en Belgique et en Allemagne aujourd'hui, où il commence le 11 11 11, c'est-à-dire le 11 novembre à 11 heures 11, — jusqu'aux jours gras, temps forts de la fête juste avant l'entrée en carême quarante jours avant Pâques.
Au XVIIIe siècle le premier jour gras est le jeudi gras. C'est de lui que parle la première description connue du Bœuf Gras à Paris en 1739 et la lettre du maire de Paris Jean Sylvain Bailly au marquis de la Fayette chef de la Garde Nationale parisienne en 1790. Dans cette lettre où Bailly demande de faire respecter l'interdiction de la fête est écrit : « je ne peux m'empêcher de vous observer que c'est demain le jeudy gras. »
Les jours gras tendront par la suite à se restreindre à Paris aux seuls dimanche, lundi et Mardi gras. Au Carnaval de Dunkerque, ces jours correspondent aux fameuses trois joyeuses.
En France on a[Qui ?] ajouté à la période « normale » du Carnaval un supplément à mi-chemin entre Mardi gras et Pâques : la Mi-Carême. À Paris, cette fête dure jusqu'à six jours d'affilée au début du XXe siècle. La Mi-Carême parisienne a une histoire très riche et pleine d'enseignements. Ses premières traces écrites remontent au moins à 1659. Un texte de Jean Loret[7] décrit la course de faquin[8] organisée cette année-là pour la Mi-Carême place Royale[9] par le marquis de Montbrun.
En 1670, page 256 de son Traitez singuliers et nouveaux contre le paganisme du Roy-boit, le docteur de Sorbonne Jean Deslyons parle des rois et reines de la Mi-Carême, dont il a vu l'usage parmi les écoliers, c'est-à-dire à l'époque les étudiants[10].
La Mi-Carême traditionnellement se fête également en banlieue de Paris et en province. Fête des blanchisseuses, c'est aussi jadis la fête des débitants de charbon et des porteurs d'eau[5]. Comme le note La Presse, décrivant la Mi-Carême à Paris 1853[11] :
La saison d'hiver est jadis close à Paris par le bal des blanchisseuses et porteurs d'eau de la Mi-Carême. Louis Jourdan écrit, en mars 1859[12] :
Fête des étudiants de Paris à partir de 1893, fête ayant connu des échanges avec les provinces françaises et l'étranger, la Mi-Carême parisienne est un événement de très grande envergure. Pour s'en convaincre, il suffit de voir sur Internet les actualités cinématographiques de la British Pathé montrant le cortège de 1926[13]. Ou encore la photo des grands boulevards à la Mi-Carême 1927, ou de la place de l'Opéra à la Mi-Carême 1928, à une époque où, pourtant, la fête s'est affaiblie[14]. Le , La Semaine à Paris relève que : « la Mi-Carême, que ne fêtaient guère jadis que les blanchisseuses, est devenue liesse générale[15] ».
La hauteur impressionnante des chars n'est pas qu'une question de prestige. Quand on voit la foule immense place de l'Opéra au passage du cortège de la Mi-Carême, on comprend que cette hauteur a aussi un but pratique. Ainsi, en particulier, tout le monde peut apercevoir la Reine des Reines, vedette de la fête, assise sur son trône perché tout en haut de son char et envoyant des baisers de tous côtés.
La Mi-Carême renaît à Paris depuis 2009 et existe aussi, par exemple à Nantes[16], dans certains villages ou grands bourgs de France métropolitaine (tels Cholet, Coex,...), aux Antilles, notamment en Guadeloupe[17], à Fatima, aux îles de la Madeleine[18], etc.
La Mi-Carême paraît être une particularité française. Au point qu'au Brésil on appelle aujourd'hui une fête carnavalesque qui se passe en dehors de la période du Carnaval micareta et le mot viendrait de la langue française.
La Mi-Carême est une fête mobile située juste vingt-et-un jours après Mardi gras. Ce sont deux moments du Carnaval bien que certains auteurs aient quelquefois appelé Mardi gras « le carnaval » et voulu le détacher du second « la mi-carême ».
Avec les jours gras, a fête des blanchisseuses est un des deux grands moments du Carnaval de Paris. Aux jours gras défile le Bœuf Gras. À la Mi-Carême défilent les Reines.
La corporation des écosseuses était composée de femmes dont le travail consistait à écosser[20].
Écosseuses, marchandes d'oranges[21], harengères ou blanchisseuses, les femmes sont depuis toujours l'élément le plus joyeux, actif et dynamique du Carnaval de Paris.
Le rôle des écosseuses apparaît dans ce passage extrait d'un texte intitulé « Les Festes de Paris », brochure anonyme[22], éditée vers 1749 :
Au moins dès le XVIIIe siècle la Mi-Carême parisienne se présente à nous comme une immense fête féminine et populaire, dont les premières héroïnes sont les blanchisseuses. À Paris « Mi-Carême » et « fête des blanchisseuses » à un moment-donné deviennent synonymes. Et le restent bien après que les blanchisseuses ont cessé d'être les héroïnes officielles de la Mi-Carême[27]. Le défilé des reines sur les grands boulevards, puis le cortège de la Reine des Reines à partir de 1891 jusqu'aux années 1930, sont les seuls qui ont pu acquérir dans le cadre du Carnaval de Paris une stature considérable, au même titre que la Promenade du Bœuf Gras et la descente de la Courtille.
La fête des blanchisseuses est alors également très importante dans les banlieues de Paris comme Boulogne, Clichy, Montrouge, et aussi en province.
Benjamin Gastineau[28] écrit en 1855 :
Cependant son histoire n'a jamais été écrite.
Les historiens ont longtemps rédigés leurs ouvrages en ignorant les femmes à part quelques-unes. Or la Mi-Carême est une grande fête féminine. Qui plus est une fête populaire.
Fête, féminin et populaire, ce triple pêché de la Mi-Carême fait qu'elle est oubliée, versée aux oubliettes de l'Histoire officielle[Interprétation personnelle ?]. C'est « juste » des femmes qui prennent le temps de vivre, s'amusent entre elles, chantent, dansent, boivent, festoient, se costument, élisent des reines, y ajoutent des rois et défilent.
À cette époque, c'est le seul moment où des femmes françaises votent. Elles n'acquerront le droit de vote qu'en 1945.
Des milliers de femmes élisent des centaines de reines, des centaines de milliers de femmes mettent toute la ville en fête, c'est juste cela, la Mi-Carême. Toutes les blanchisseuses votent, sont éligibles, y compris les plus jeunes.
Le Journal illustré écrit en 1892 :
Le lavoir en général occupe alors une place essentielle dans la vie de toutes les femmes (exceptées celles qui ne lavent ni leur linge, ni celui des autres), en tant que lieu de travail, de réunion et d'échanges.
À Paris durant longtemps existe une importante corporation féminine, populaire et laborieuse, celle des blanchisseuses, qui travaille dans des dizaines de lavoirs et bateaux-lavoirs, appelés également « bateaux lessives ». Tous âges confondus, des plus jeunes aux plus âgées, soit environ de 15 à 60 ans, il y a jusqu'à 150 femmes rassemblées dans ces établissements. Il n'est pas rare que plusieurs femmes d'une même famille s'y retrouvent pour travailler ensemble.
Les blanchisseuses apparaissent dans des expressions populaires. Ainsi « porter le deuil de sa blanchisseuse » signifie jadis porter une chemise sale[36].
Un rapport de la chambre syndicale des blanchisseurs adressé vers 1880 au ministère de l'intérieur évalue à 104 000 personnes la population que le blanchissage fait vivre à Paris. Il y a parmi elles 94 000 femmes et 10 000 hommes, soit presque 10 femmes pour un homme[37].
Gaston Calmette, le jeudi de la Mi-Carême écrit dans Le Figaro que[38] :
Ces ouvrières et ouvriers sont des personnes de condition modeste, énergiques, faisant un travail physique et aimant bien s'amuser.
En 1885, E. Robichon écrit que[39] : « La blanchisseuse parisienne est soigneuse de sa personne et c'est une exception d'avoir à signaler chez elle des négligences de costumes et de propreté. Elle est gaie, babillarde… »
En 1890, Auguste Vitu décrivant un lavoir à Paris, souligne le caractère joyeux et vivant des blanchisseuses :
Les blanchisseuses sont importantes par leur nombre et aussi par leur présence quotidienne dans la rue. Car elles lavent mais aussi cherchent le linge sale et livrent le linge propre. Le linge transporté et leur habit permet de les identifier. Voir ainsi passer de nombreuses femmes et jeunes filles seules transportant du linge fait rêver, voire fantasmer, plus d'un homme sur leur passage. Qui leur attribue des exploits sexuels et une réputation de filles faciles qui relève très probablement de l'imaginaire[Interprétation personnelle ?].
En témoigne le jadis célèbre poème de Charles Monselet Les petites blanchisseuses souvent évoqué par les journalistes dans leurs articles parlant de la Fête des Blanchisseuses. De ce poème grivois ils ne citent jamais que le premier quatrain[41], qui ne laisse pas entrevoir la suite. Ça devient plus chaud dès le deuxième et très chaud et explicite à la fin. On peut le lire en entier sur la base Wikisource.
En 1868, Adrien Marx, pour Le Petit Journal parle des blanchisseuses :
La vie des blanchisseuses et des rares hommes présents dans les blanchisseries, garçons de lavoirs qui portent les seaux d'eau chaude et patrons, ne comporte guère de loisirs. On travaille de très longues heures, six jours sur sept, sans congés payés, retraites ou congés maladies. Le travail des blanchisseuses et garçons de lavoirs est très physique. En 1868, Timothée Trimm appelle la Reine du lavoir, « souveraine du battoir[44] » et une coupure de presse du , conservée dans les dossiers Actualités Carnaval de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, appelle la fête des blanchisseuses « la fête des battoirs ». À Boulogne, près de Paris, où l'eau est réputée très peu calcaire, on creuse des trous dans la berge de la Seine. Les blanchisseuses descendues dedans ont le linge posé sur le sol juste à la bonne hauteur pour le laver. En 1843, quatre voitures de blanchisseuses de Boulogne montent à Paris, pour la Mi-Carême[45]. L'Illustration, en , publie un dessin montrant Le marché aux blanchisseuses dans la rue aux Ours, où celles-ci vont chercher du travail[46].
Un jour de fête et de congé où on[Qui ?] est mis à l'honneur… Une fois par an la Mi-Carême c'est la journée des blanchisseuses, qui sont les vedettes, mais aussi des patrons et du personnel des lavoirs. Journée qui fait partie de la grande fête populaire du Carnaval de Paris.
Comme le dit le couplet de bis de la chanson comique Les garçons de lavoir, créée par Paulus à l'Eldorado[47] :
La d'mi-carême, à nous, c'est notre fête ;
C'est ce jour-là qu'on s'en paye, ah ! malheur !
Y faut nous voir, le soir, à la guinguette,
Pousser notr'pas du Hann'ton cascadeur.
Ce jour-là, comme l'écrit Le Constitutionnel en 1846, les blanchisseuses élisent leur reine dans chaque grand lavoir, et vont ensuite à l'église, vêtues de blanc. Aux blanchisseuses de Paris viennent se joindre celles de la banlieue, que l'on[Qui ?] voit arriver par toutes les barrières avoisinant la Seine, vêtues de blanc aussi, et voiturées dans les charrettes de leurs patrons[48].
Les lavoirs et bateaux-lavoirs sont également décorés le jour de la fête, comme le note La Presse en 1851[49] : « Les lavoirs en ville et sur Seine étaient magnifiquement pavoisés et décorés d'arbustes et de fleurs. »
Il arrive également que les blanchisseuses soient mises à l'honneur en d'autres occasions que la Mi-Carême. C'est ainsi, par exemple, que pour une cavalcade organisée à Boulogne-sur-Seine le , est élue le 4 mai qui précède une Reine des Reines des 6 000 blanchisseuses de la ville[34].
Dans un article écrit avant 1871, Jules Vallès indique que : « Il y a environ cent vingt lavoirs dans Paris, sans compter les lavoirs publics et gratuits et les quatre-vingts bateaux établis tant sur la Seine que sur le canal Saint-Martin[50]. »
Les bateaux-lavoirs parisiens sont un des hauts lieux traditionnels des fêtes de la Mi-Carême. La Presse écrit, le [51] :
À la fin du XIXe siècle, ces bateaux-lavoirs vivent leurs dernières années. Ce n'est pas une disparition spontanée. Elle est voulue et planifiée par les autorités. Georges Montorgueil écrit en 1895 :
Georges Montorgueil note également dans le même livre que la Mi-Carême a cessé d'être fêtée sur les bateaux-lavoirs :
À l'occasion de la Mi-Carême 1890, le journal parisien La Presse écrit[56] :
Le Journal illustré écrit le , citant son confrère sans le nommer :
Pierre Hamp en 1923 donne à l'origine de la fête des blanchisseuses parisiennes une explication qui est peut-être complémentaire sans être contradictoire[58] :
Les reines telles qu'elles existent à l'origine et durant longtemps dans cette fête parisienne sont plus ou moins élues. Il ne s'agit pas traditionnellement d'élections avec liste, scrutin, etc., mais plus d'un consensus que d'un vote.
Ce genre de fonctionnement rappelle le mode traditionnel d'élection des massiers (élèves responsables d'ateliers) dans les écoles d'arts et architecture. Il apparaît évident, à un moment donné, aux étudiants de l'atelier, qu'un élève fait l'affaire comme massier. Dès lors, tout le monde l'accepte d'office comme tel, sans émarger sur une liste électorale, voter à main levée ou bulletin secret.
Il arrive aussi que quand il y a vote pour élire les reines, le nombre de participants au scrutin soit réduit.
Une reine peut être belle et souriante. Mais elle est surtout représentative. Cette fonction fondamentale de représentation la différencie de la rosière choisie pour sa vertu et son mérite et de la miss, choisie pour sa beauté.
Les reines apparaissent comme un élément essentiel de la Mi-Carême qui est une occasion de s'amuser.
Comme le rapporte Timothée Trimm dans Le Petit Journal en 1868[60], c'est une sorte de Comité occulte qui choisit la Reine du lavoir, qui découvre son élection en arrivant à son poste de travail.
On ignore le processus d'élection exact de la Reine générale de toutes les blanchisseuses de Paris.
Le Carnaval n'est pas régi par la démocratie, mais par des petits groupes unis par un projet commun, c'est ainsi que cela se passe encore à Dunkerque et dans sa région où le Carnaval est toujours très important.
L'introduction en 1891 de la démocratie formelle par les Maîtres de lavoirs dans la désignation de la Reine des Blanchisseuses rebaptisée Reine des Reines et élue par les Reines des lavoirs a conduit les blanchisseuses à se faire déposséder de leur représentante qui va vite être réduite à un élément décoratif choisi par des hommes, personnalités officielles ou maîtres de lavoirs.
L'argument principal pour ce bouleversement repose sur la naissance d'un cortège central organisé de la Mi-Carême en lieu et place de la convergence habituelle des voitures de blanchisseuses sur les grands boulevards le jour de la Mi-Carême.
Les journaux parisiens au XIXe siècle insistent plus d'une fois sur le fait que les blanchisseuses prennent la liberté à la Mi-Carême d'endosser les plus beaux vêtements qu'elles trouvent parmi ceux qu'elles viennent de laver.
On[Qui ?] peut supposer[style à revoir] que se montrer avec en sortant du lavoir pour aller dans une guinguette peut être à l'origine du défilé.
Il y a des bateaux-lavoirs sur la Seine et des guinguettes appréciées aux barrières juste après qu'on est sorti[style à revoir] de Paris[62]. C'est également tentant de se montrer en passant sur les grands boulevards. Comme les autres y vont aussi on[Qui ?] s'y retrouve ensemble joyeusement.
Qui dit beaux vêtements dit louage de carrosse pour compléter le déguisement festif.
En 1895, et certainement avant cette date[pourquoi ?], les reines portent la couronne. Elles apparaissent alors coiffées d'un cercle de cuivre doré[63].
Le manteau aux armes de la ville de Paris offert par un grand couturier, l'impressionnant char de la Reine des Reines construit spécialement pour l'occasion, seraient les lointains héritiers au début du XXe siècle de ces pratiques festives des blanchisseuses.
Francisque Sarcey note en :
L'engouement pour la Mi-Carême est énorme[réf. souhaitée], comme cela ressort de cet écho de la fête en 1899 :
En 1907, un journaliste hostile à la fête, Jean-Bernard, correspondant à Paris du journal l'Indépendance Belge, témoigne de l'importance de celle-ci dans sa chronique hebdomadaire La Vie de Paris :
L'affluence énorme, la foule compacte le jour de la fête, inspire une blague rapportée par Le Journal du dimanche en 1913[67] :
« LE PARISIEN. — Vous avez vu le programme du cortège de la mi-carême ?
LE PROVINCIAL. — Qu'est-ce que c'est que votre mi-carême ?
LE PARISIEN. — C'est un jour où les passants vont voir passer d'autres passants qui ne peuvent pas passer parce qu'il y a trop de passants. »
La fête parisienne jouit d'un prestige parisien[Quoi ?] et national. Dans le cortège du Bœuf Gras qui défile le à Paris, on[Qui ?] trouve une déesse de l'Agriculture juchée sur un char manifestement inspiré[Interprétation personnelle ?] par celui des Reines des Reines de la Mi-Carême[69][source insuffisante]. Au moins à partir de 1905 et jusqu'en 1920 des délégations de province viennent participer à la fête à Paris. Des délégations de la Mi-Carême parisienne sont invitées à des fêtes en province. Ainsi, par exemple, à la Cavalcade Paris-Chartres le à Chartres, participe la Reine des Reines de Paris, ainsi que des chars de la Mi-Carême parisienne 1906, l'Harmonie du Petit Parisien et la société bigophonique Les Étourdis de Paris[70].
La Reine des Reines de Paris 1907 participe à la cavalcade du à Évreux. À cette occasion est créée une carte-postale souvenir avec les portraits de Georgette Juteau Reine des Reines parisienne et Marthe Bréant Reine du Commerce d'Évreux[71][source insuffisante]. La même chose est faite à l'occasion de la participation de la Reine des Reines de Paris 1909 aux Fêtes Normandes de juin 1909 à Rouen. Son portrait accompagne cette fois-ci ceux de la Reine de Calais et de la Reine de Normandie[72][source insuffisante].
La Reine des Reines de Paris, avec son immense char de parade se déplace en province et défile. Il en est ainsi avec Antoinette Orlhac le 16 mai 1909 à Saumur[73][source insuffisante], Élisa Gaillard le à Falaise[74][source insuffisante] et Jeanne Quéru le à Alençon[75][source insuffisante]. Les 25, 26 et 27 juin 1910, des Reines de Paris participent aux Fêtes de Châteauroux et défilent à cette occasion sur le char de la Reine des Reines de Paris 1909[76][source insuffisante].
On[Qui ?] voit aussi des chars de la Mi-Carême parisienne réutilisés ailleurs. En 1912, Le Nouvelliste de Vannes écrit à propos de la fête des « Filets Bleus » de Concarneau[77] :
En 1912, la Reine des Reines de Paris, avec ses demoiselles d'honneur, est invitée à la cavalcade du 21 avril organisée à l'occasion de la Fête d'Aviation de Nancy. À cette occasion, elles défilent sur le char de la Reine des Reines de Paris 1909, orné d'un avion. Char qui a été récupéré par une marque locale de bières[78][source insuffisante]. La Reine des Roses, qui vient d'être créée à Paris, participe à la Fête des Fleurs à Rennes, en mai. Une carte-postale éditée à cette occasion montre son char défilant devant la foule[79][source insuffisante].
En 1920, Elisabeth Kollen, Reine de Metz, participe à la Mi-Carême à Paris[80]. La même année, les Reines de Paris visitent l'Exposition Nationale de Metz[81]. En 1922, elles participent aux Fêtes fleuries d'Uzerche[82]. En 1925, les Reines de Paris sont reçues et fêtées à Nancy, au côté de la Reine de Nancy, Suzanne Planchenault et de ses deux demoiselles d'honneur Georgette Lethé et Marguerite Croiset[83]. En 1926, la Reine de Paris au côté de la Reine de la colonie russe de Paris est à la Foire de Lyon[84]. En 1927, à Rethel, les Reines de Paris sont les vedettes des Fêtes de la Sainte Anne[85]. Le , à la Fête de la Reine, à Angoulême, participe un Char de la Reine de Paris[86][source insuffisante].
La Mi-Carême parisienne paraît avoir servi de modèle pour d'autres fêtes dans les provinces de France. Si on[Qui ?] considère, par exemple, les grandes Fêtes de la Bonneterie en 1925 à Troyes, on[Qui ?] y retrouve les grands chars[87][source insuffisante], les chars comiques[88][source insuffisante], le char de la Reine[89][source insuffisante], le couronnement solennel de celle-ci[90][source insuffisante], sa réception à la Préfecture[91][source insuffisante] et à l'hôtel de ville[92][source insuffisante], et même des reines baptisées « Abeilles[93][source insuffisante] », suivant un titre de substitution lancé à la Mi-Carême parisienne en 1923-1924.
Le titre de Reine des Reines, inventé à la Mi-Carême à Paris en 1891, a été repris dans d'autres villes françaises[94][source insuffisante] (et aussi à Paris en d'autres occasions[95]). Il s'est exporté en Belgique, à Mons[96] et Bruxelles[97].
Autre exemple d'influence parisienne : en 1906, Le Petit Journal rapporte que l'Académie Culinaire ou Les Étourdis, une société bigophonique parisienne composée de 40 exécutants jouant sur des bigophones en formes de denrées alimentaires, donne une aubade à la Reine des Reines de Paris à l'occasion de la Mi-Carême[98]. En , aux Fêtes Normandes de Rouen débarque une autre Académie Culinaire. Elle vient de Bruxelles, est composée de 100 musiciens aux costumes originaux. Ils jouent sur des bigophones aux formes fantaisistes représentant de colossaux légumes plantés au bout de fourchettes géantes[99]. 13 ans plus tard, en 1922, on retrouve les bigophonistes belges à Nancy. Ils participent à la Cavalcade de la Mi-Carême dans cette ville[100].
Dans le domaine des chars, la Mi-Carême parisienne influence également hors Paris. On[Qui ?] voit ainsi un Char de la Musique à la Mi-Carême 1911 à Varzy manifestement inspiré par un Char de la Musique de la Mi-Carême parisienne[101][source insuffisante]. Le char de la Reine des Reines, à Roubaix, en 1903[102][source insuffisante], et ceux des Reines de Cognac en 1910[103][source insuffisante], de la Reine des Reines de Bonneval en 1912[104][source insuffisante], de la Reine des Reines de Dole, la même année[105][source insuffisante], de la Reine des Reines des Tissages à la Ferté-Macé, en 1913[106][source insuffisante], et de la Reine des Reines de Mons, en 1914[96][source insuffisante], sont directement inspirés par le char de la Reine des Reines de Paris[réf. nécessaire]. Le char de la Reine des Reines, à Fourchambault, en 1908[107][source insuffisante], à Chailley, dans les années 1910[108][source insuffisante], ainsi que la voiture de parade fleurie de la Reine de la Mi-Carême 1929 à Argent-sur-Sauldre, reproduisent en miniature le char de la Reine des Reines de Paris[109][source insuffisante]. Le char de la Reine du Muguet qui défile à Rambouillet le est directement inspiré par le char de la Reine des Reines de la Mi-Carême qui a défilé à Paris[réf. nécessaire] le 11 mars précédent[110][source insuffisante]. Il se peut même qu'il en ai réutilisé des éléments[Interprétation personnelle ?].
Au Carnaval de Chalon-sur-Saône le Char de la Reine est également influencé par Paris[réf. souhaitée] en 1908[111][source insuffisante] et 1909[112][source insuffisante]. Et en 1913, au Carnaval de Chalon-sur-Saône on réutilise des chars de la Mi-Carême 1912 à Paris : le char de la Reine des Reines de Paris 1912 porte la Reine des Reines de Chalon-sur-Saône 1913[113][source insuffisante]. On[Qui ?] retrouve aussi ici un char du Carnaval de Nice monté à Paris pour défiler à la Mi-Carême 1912[114][source insuffisante]. Et, en 1922, on[Qui ?] retrouve le char de la Reine des Reines de Paris 1911 portant les Reines du Carnaval de Chalon-sur-Saône. Le même char qui avait déjà voyagé en juin 1911 jusqu'à Alençon avec la Reine des Reines de Paris[115][source insuffisante].
À partir de 1904, la Mi-Carême parisienne inaugure des échanges internationaux. Des délégations de Paris visitent des pays étrangers, des délégations étrangères viennent participer à la fête à Paris. La dernière en date à venir à ce jour sera le Soutien de Saint-Gilles en 1926 et 1927, un ensemble bigophonique belge composé de 153 musiciens costumés en Pierrots[116][source insuffisante].
La renommée de la Mi-Carême parisienne s'étend bien au-delà des frontières françaises. On[Qui ?] en trouve des échos jusque dans la presse de Nouvelle-Zélande, en 1873[117]
La diversité de populations d'origines étrangères à Paris amène le Comité des fêtes de Paris en 1925 à lancer l'idée de l'élection de reines représentatives de chacune de ces communautés[118]. Cette proposition paraît être accueillie favorablement chez les Russes de Paris[réf. souhaitée], dont la communauté a augmenté récemment, à la suite de l'émigration blanche après la Révolution d'Octobre 1917.
Le est élue la première Reine « de la colonie russe » à Paris[119]. On[Qui ?] aperçoit celle-ci sur une photo où elle figure avec la Reine de Paris à la Foire de Lyon en 1926[84][source insuffisante]. La suivante élue, Kira Sklarov, Reine de la colonie russe de Paris 1927, est couronnée à l'hôtel Lutétia par la Reine de Paris durant la nuit qui suit le jeudi de la Mi-Carême 24 mars 1927[120]. Et dans le cortège de la Mi-Carême le 15 mars 1928, Nika Seversky, Reine de la colonie russe de Paris 1928, défile avec la Reine des Reines de Paris et les reines d'Alsace, du Bourbonnais et de la Corse[121],[122]. Le , Suzy Lesage Reine de Paris 1935 et Madeleine de Charpin Reine de Paris 1934 président le banquet annuel de la colonie russe de Paris[123].
La proposition de créer d'autres reines représentatives des différentes communautés vivants à Paris amène l'apparition en 1927 d'une Reine des colonies, du nom de Trantchilec, une Reine des musulmans, Sonia Brahim[124] et une reine de la colonie italienne de Paris[125].
Durant longtemps, la Mi-Carême est une fête extrêmement populaire en France, et pas seulement parce qu'à une époque où ils sont rares existent des « congés de la Mi-Carême ». Cette fête fait partie de la vie et on[Qui ?] y pense toute l'année[réf. nécessaire].
La Strasbourgeoise, un chant militaire français écrit à l'occasion de la guerre franco-prussienne de 1870 y fait allusion. À son début une fillette dit à son père mobilisé :
Petit papa c'est donc la mi-carême,
Car te voilà déguisé en soldat
Fin XIXe, début XXe siècle, l'ensemble de la presse française encense la Mi-Carême. En 1905, par exemple, depuis Le Figaro jusqu'à L'Humanité, tous les journaux parlent avec enthousiasme des grandes festivités franco-italiennes organisées pour la Mi-Carême.
Seules quelques voix s'élèvent contre la fête à l'époque où elle prospère. Ainsi, La Plume, en 1913, reproche à la Mi-Carême de faire tourner la tête aux jeunes filles de condition modeste promues reines et comblées de cadeaux. Goutant ainsi momentanément au luxe et cherchant à pérenniser celui-ci dans leur vie, selon La Plume, elles sombreraient ensuite inévitablement dans la prostitution.
En 1917, alors que la Mi-Carême est interdite pour la troisième année consécutive, à la suite de la guerre, L'Humanité écrit, nostalgique, le 16 mars, lendemain de la date de la fête[126] :
Au moment où la Grande Guerre s'achève, le même journal écrit, le [127] :
En 1919, seule de toute la presse, L'Humanité proteste vigoureusement et en première page, contre l'interdiction des confettis à Paris, qui porte préjudice aux fêtes du Mardi gras et de la Mi-Carême. Ce journal s'élève également contre l'interdiction de la fermeture tardive des cafés parisiens et de la possibilité d'y jouer de la musique[128].
À partir de 1893, la Mi-Carême devient la fête des étudiants parisiens. Cette année-là, ils la rejoignent en masse dans la rue avec l'armée du chahut[129]. Les organisateurs de cette participation sont l'Association générale des étudiants de Paris, dite l'« A », et la Faluche.
Fêter la Mi-Carême n'est pas nouveau pour les étudiants parisiens. Déjà en 1670 on voyait leurs ancêtres, les écoliers, élire des rois et reines à cette occasion[10].
On[Qui ?] peut lire sur Internet un récit rendant bien l'atmosphère de la Mi-Carême dans la rue au Quartier latin en 1900[130].
Le défilé des étudiants pour la Mi-Carême est un événement parisien remarqué et apprécié. Une foule nombreuse vient y assister[réf. souhaitée][131][source insuffisante]. Quand, dans les années 1930, le cortège central de la Mi-Carême n'a pas lieu, n'ayant pas été organisé, leur défilé se maintient.
La fête étudiante n'a pas seulement lieu dans la rue. Elle est aussi l'occasion d'organiser tous les ans un bal masqué.
En 1934, Le Matin, détaillant le programme de la Mi-Carême à Paris, précise que les étudiants donneront le soir « leur grand bal annuel de la mi-carême dans toutes les salles du Palais des congrès, porte de Versailles ». Ce bal de la Mi-Carême étudiante est alors une véritable tradition[132].
Les étudiants sont – avec les forts des Halles de Paris et les grands journaux parisiens, – les organisateurs du grand cortège du jeudi de la Mi-Carême , dernier cortège du Carnaval de Paris sorti à grande échelle au XXe siècle.
En 2005, pour célébrer le centenaire de la participation de 300 Italiens du Piémont et de Lombardie à la mi-Carême à Paris 1905, des dizaines d'étudiants italiens venus de toute l'Italie participent à l'autre cortège du Carnaval de Paris, la Promenade du Bœuf Gras.
À cette occasion est signé entre les organisateurs un traité carnavalesque italo-français.
Dans les années 1920-1930, la Section Française de l'Internationale Communiste, ancêtre du Parti Communiste Français, intègre la populaire Mi-Carême à sa politique.
En 1922, son journal commence à s'élever contre la Mi-Carême officielle. Le , on lit dans L'Humanité[133] :
Le , lendemain de la Mi-Carême, c'est en première page de L'Humanité que le rédacteur en chef, Paul Vaillant-Couturier, s'en prend très violemment à l'organisation de la Mi-Carême officielle[137] :
La mention des « bandes d'étudiants fascistes » s'explique par le fait que dans les années 1920, la Mi-Carême, fête apolitique, jouit d'une grande popularité notamment dans les rangs des étudiants de l'Action française. Comme en témoigne leur organe, L’Étudiant français, qui écrit, le [138] :
Traditionnellement, les Reines de la Mi-Carême rendent visite aux sièges des grands journaux parisiens. Le , L'Humanité annonce avoir reçu à son siège la reine des employées des maisons bourgeoises et ses deux demoiselles d'honneur[134] :
Le , à la tribune de la Chambre des députés, le député communiste Jacques Doriot dénonce, entre autres, l'interdiction d'un bal de la Mi-Carême[140] :
Le on[Qui ?] lit dans L'Humanité l'annonce d'un « bal de mi-carême rouge[141] » :
Par la suite, les communistes français paraissent retrouver une certaine neutralité vis-à-vis de la Mi-Carême. Le , L'Humanité publie une photo d'Hélène Capron, la jeune Reine des Reines de Paris[142]. Et le journal communiste Ce Soir édite un tract d'appel au grand cortège qui défile à Paris le jeudi de la Mi-Carême [143].
À l'opposé de l'échiquier politique, on[Qui ?] voit Suzy Lesage Reine de Paris 1935[144] participer avec deux autres reines à un bal des croix-de-feux à Vincennes en 1935[145]. Mais il faut relever que d'une façon générale, la plupart du temps, la politique ne participe pas de la Mi-Carême parisienne qui reste une fête totalement apolitique.
En 1928, la politique s'invite indirectement dans la Mi-Carême parisienne. Alors que le boucher Auguste Sabatier se présente à la députation, le député communiste Jean Garchery, qui ne fait pas partie de ses amis politiques, le décrit ainsi dans un débat à la Chambre des députés[146] :
Le , dans le cortège de la Mi-Carême figure un char du Bœuf Gras vantant les mérites des boucheries Auguste Sabatier. Le patron de ces boucheries préside l'organisation de la fête. Alors qu'il est également en campagne électorale à Paris.
Il est élu député de la 2e circonscription du 18e arrondissement, quartier de Clignancourt, le 29 avril suivant[147].
La publicité cherche à s'infiltrer tôt dans le Carnaval de Paris sous la forme des chars réclames se joignant aux cortèges du Bœuf Gras et de la Mi-Carême.
« Le Triomphe », char automobile électrique construit par la maison De Dion-Bouton, sur lequel défile en 1903 la Reine des Reines de Paris pour la rive droite Marie Missiaux, porte plusieurs mâts. En haut d'un de ceux-ci se tient un angelot sculpté montrant un disque emblème de la marque. Il est écrit dessus, en grands caractères majuscules : « AUTOMOBILES DE DION-BOUTON ».
Cinq années plus tard, pour la Mi-Carême 1908, De Dion-Bouton s'associe aux pneumatiques Michelin pour faire défiler à Paris un char monumental de Bibendum et de Dion Bouton[149].
La publicité va aussi tendre à associer la Mi-Carême elle-même avec ses messages.
Ainsi, en 1921, le grand magasin parisien Au Bon Marché édite deux cartes-postales publicitaires à l'effigie d'Yvonne Béclu, Reine des Reines de Paris 1921, où est précisé qu'il a offert la tenue royale.
En 1926, Mathilde Isembart, Reine des Reines de Paris 1926, pose pour une carte-postale publicitaire de l'apéritif Vichy Quina, un vin de quinquina alors célèbre en France.
À côté de sa photo en tenue royale apparaît un quatrain manuscrit :
Au Vichy Quina
J'unis ma puissance à la Tienne
Désormais, c'est toi que je bois
Car si des Reines je suis Reine
Des Quinquinas tu es le Roi
Mathilde Isembart
Quand Auguste Sabatier, homme politique et boucher, préside à l'organisation du cortège de la Mi-Carême en 1927, celui-ci compte un char du Bœuf Gras. Il porte un bœuf de sa boucherie, comme le précise une inscription bien visible sur le char[150]. L'année d'après, le char du Bœuf Gras de la Mi-Carême est affublé d'une tonitruante publicité pour Auguste Sabatier[151][source insuffisante].
L'organisation-même de la Mi-Carême parisienne est reprise par le commerce dans le cadre d'événements commerciaux. On peut voir, par exemple, en 1932, la foire-braderie organisée à Saint-Denis, juste après le jeudi de la Mi-Carême, dotée d'une Reine de la braderie avec ses demoiselles d'honneur. Un grand journal en parle. Et elles sont présentées aux autorités locales, exactement comme le sont habituellement les Reines des Reines de Paris et leurs demoiselles d'honneur aux autorités officielles à Paris[152].
En 1924, à Montélimar, on[Qui ?] intronise trois Reines du Nougat : Irène Bernard, Rose Mouyon et Marguerite Brun[153][source insuffisante]. En 1932, à Paris, la Ligue nationale pour la défense des fumeurs et des industries se rattachant au tabac fait élire, à l'issue de son troisième congrès, une Reine des tabacs : Mademoiselle Capoulade[154]. Et à Plougastel-Daoulas, on élit, à une date indéterminée, une Reine des Fraises[155]. Ce titre existe encore en 2012 dans au moins deux communes françaises : Bièvres, où Clara a été élue Reine des Fraises au cours de la 87e Fête des Fraises[156], et Woippy, où Djelyssa Dorschner a été élue 82e Reine des Fraises[157].
À partir de 1891, des hommes, les maîtres de lavoirs, vont priver les femmes, les blanchisseuses, de leur fête.
Le prétexte invoqué – comme toujours en pareil cas les adversaires avancent masqués – sera l'efficacité et l'amélioration de la fête. Il y aura aussi l'argent, grâce auquel on récompensera, on fera plus beau, etc.
Et aussi le mensonge, qui consiste à dire que la chose qu'on veut organiser c'est la même fête « améliorée ».
Le nom est le même, le conserver est rentable, incontournable, mais le but est différent.
Ce n'est plus une fête c'est un spectacle.
La création d'un somptueux char de parade accompagné par une escorte de prestige et d'un manteau de cérémonie pour la Reine des Reines participera de cette prise de contrôle de la Fête des Blanchisseuses par les maîtres de lavoirs. Le manteau, d'ailleurs, semble être toujours resté la propriété des organisateurs et non de la Reine des Reines. C'est ce qui paraît ressortir à la lumière d'un procès survenu en 1914 : la Reine des Reines ayant choisi de conserver son manteau en vue de le porter par la suite à son mariage, les organisateurs de l'époque – le Comité des Fêtes de Paris, – poursuivent la jeune fille en justice pour le récupérer. Finalement, ils perdent leur procès[163].
Dans les années qui suivent 1891 une rivalité éclate entre les lavoirs, halles et marchés.
Excepté une certaine Madame Massot, présidente de l'association la Renaissance des Halles[164], seuls des hommes dirigeaient les halles et marchés parisiens. Les marchés s'emparent de la fête à partir de 1895. Puis ils sont éliminés par le commerce parisien représenté par le Comité des fêtes de Paris – organisme privé, créé en 1901, – qui leur succède en 1903.
Le Comité des fêtes de Paris à partir de 1921 se révèle incapable de gérer ce qui reste de la fête des blanchisseuses. Il discute même de l'idée de déplacer la Mi-Carême à un autre moment de l'année situé en dehors de la période traditionnelle et où le temps serait plus doux[165]. Après diverses innovations douteuses, la fête disparaît dans les années 1930.
Elle est alors encore vivante dans les écoles. Un témoin, né en 1929, se souvient[pertinence contestée][166][source insuffisante] que dans les écoles du 13e arrondissement qu'il a fréquenté enfant, un repas costumé était organisé à la Mi-Carême. Les enfants s'inventaient leurs propres costumes, défilaient dans le quartier, couraient dans la cour de récréation, formaient des groupes, jouaient à chat-perché ou à se faire peur. Par ailleurs Mardi gras était également fêté.
À la Mi-Carême défile encore un grand cortège le et des cortèges d'enfants sur les Champs-Élysées dans les années 1950.
Après sa disparition, la grande fête des femmes est littéralement effacée de la mémoire collective[réf. nécessaire]. Dans les livres on[Qui ?] n'en trouve aucune trace[réf. nécessaire]. Ceux qui l'ont conduit à disparaître ont cherché ensuite à en effacer le souvenir[Interprétation personnelle ?].
À Paris, on[Qui ?] se souvient quand même un peu de la Mi-Carême, mais la fête des blanchisseuses est oubliée[Interprétation personnelle ?]. C'est seulement en 2008 que commence sa renaissance, et en 2009 défile à nouveau un cortège de la Fête des Blanchisseuses.
Beueler quartier de la ville de Bonn en Rhénanie était fameux pour ses blanchisseries depuis le XVIIIe siècle. En 1902 existaient encore 92 blanchisseries à Beueler.
Se déroulant au moment du Carnaval à Beueler existe une fête des blanchisseuses.
Les blanchisseuses ont créé en 1824 leur fête et son comité d'organisation : le « Beueler Damenkomitee von 1824 » (Comité de 1824 des dames de Beueler). C'était l'année d'après la naissance du grand Comité du Carnaval de Cologne, ville proche de Bonn.
Depuis 1958 est élue à Beueler à l'occasion de la fête une « Wäscherprinzessin (princesse des blanchisseuses) ». La première se nommait Maria Balzer.
Cette fête des blanchisseuses de Beueler où les femmes s'affirment face au pouvoir masculin a donné naissance à la tradition allemande du « Weiberfastnacht » ou « Weiberfasching » (appelée en Kölsch, dialecte de Cologne et ses environs : « Wieverfastelovend »).
Il s'agit du jour du Carnaval où les femmes s'arment de ciseaux et coupent les cravates des hommes.
Cette fête d'affirmation féminine rappelle la tradition du Hirtzag[réf. nécessaire] qui existait encore, vers 1900, au moment du Carnaval dans la ville de Mulhouse.
Une fête traditionnelle de la communauté indienne Yampara de Bolivie : « Pujllay et Ayarichi », a été inscrite en 2014 par l'UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel de l'Humanité. Le certificat de cette inscription a été porté au village de Tarabuco le jour de la fête de Pujllay, le .
À Paris, le même jour, « Pujllay et Ayarichi » ont été dansés par des Boliviens de Paris au 7e Carnaval des Femmes, Fête des Blanchisseuses 2015[167]. Les Boliviens ont dansé tout le long du parcours, depuis la place du Châtelet jusqu'à la place de l'Hôtel-de-Ville. Sergio Cáceres García, ambassadeur de Bolivie auprès de l'UNESCO, était présent à la fête[168][source insuffisante].
Au XVIIe siècle, le jour de la Mi-Carême à Paris, dans le quartier de la Halle, se déroulent des festivités populaires autour d'une enseigne figurant une Truie qui file, située au numéro 24 rue de la Cossonnerie. Edmond Beaurepaire écrit à ce sujet en [169] :
On[Qui ?] lit dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, qu'à Paris, le jeudi de la Mi-Carême , Louis XIV participe à un jeu à cheval : il court la bague.
La Mi-Carême parisienne est une fête féminine depuis, au moins, le XVIIIe siècle. On[Qui ?] en connaît une description de cette époque :
Un rapport du baron Dubois, préfet de police, du 19 ventôse an VIII (9 mars 1800) indique qu'il est permis aux blanchisseuses, « tant dans leurs bateaux qu'ailleurs », de fêter le « 29 ventôse » (19 mars). C'est le jour de la Mi-Carême, qu'on évite de nommer dans le document[177],[178].
Il existe une description de cette fête en 1805. Ce document est conservé dans les Collections historiques de la préfecture de Police. Il s'agit d'une épave, pièce échappée à l'incendie de l'Hôtel de police de Paris en mai 1871. Ce texte a été en partie publié pour la première fois dans la brochure de Basile Pachkoff Proposition de rétablissement de la Fête de Paris, dite : Promenade du – ou des – Bœuf(s) gras. en février 1994 (première édition) et mars 1994[179]. Il a été reproduit intégralement, par la suite, dans des publications à faible tirage distribuées dans le cadre de la renaissance du Carnaval de Paris :
En 1830 est donné au théâtre de l'Ambigu-Comique Tristine, une parodie en trois actes de Jules, dont l'héroïne est une reine des blanchisseuses du village de Chaillot[182].
Les blanchisseuses élisent leur reine pour la Mi-Carême[185]. Nous[Qui ?] connaissons les noms de quelques-unes d'entre elles.
Un article du journal Le Rappel, du [184], fait l'éloge posthume de Jeanne Sauterie, « la plus belle des blanchisseuses, dont elle a été dix-sept fois la reine » :
« Jeanne Sauterie, qui était admirablement jolie, était en 1830 âgée de dix-huit ans. Malgré les propositions de toutes sortes que lui firent ses admirateurs, elle resta sage et se maria.
Tous les ans, quand venait la fête des blanchisseuses, Jeanne Sauterie trônait en haut du char classique, vêtue en Diane chasseresse. Comme elle était extrêmement économe, le même costume lui a servi pendant ses dix-sept ans de royauté ! »
Cet article indique donc que Jeanne Sauterie est la reine des blanchisseuses de 1830 à 1847.
Elle ou tout au moins sa fonction paraît avoir inspiré la scène parisienne durant cette période : le au Théâtre des Variétés on[Qui ?] donne pour la première fois une pièce intitulée La Reine de Blanchisseuses, œuvre de Rougemont, Hennery et Granger[186].
En 1895, Les Annales politiques et littéraires, revue populaire paraissant le dimanche donne d'autres noms, certains contradictoirement à la longue royauté de Jeanne Sauterie[187] :
« La plus ancienne reine dont l'histoire fasse mention était Marie Gaupin, qui dut à son haut rang passager, d'être remarquée par un homme du monde, dont elle accepta les hommages. Deux ans après, Marie Gaupin s'asphyxiait dans un taudis de la rue Serpente. La reine de 1845, Blanche Chassa, eut des malheurs d'un autre genre. Elle se laissa séduire par un garçon blanchisseur qui, entre-temps, occupait ses nuits à chiper les bourses des passants attardés. Il finit par « mourir subitement » par la main de « Monsieur de Paris[188] ». Blanche lui survécut peu. Elle devint folle et mourut à la Salpêtrière.
Une fluxion de poitrine enleva successivement la reine de 1848, Aurélie Vioux, et la reine de 1849, dont le nom est oublié. Annette Leduc, qui fut reine trois années de suite, en 1850, 1851 et 1852, s'asphyxia, suivant les uns, et, suivant les autres, mourut de la poitrine. La reine de 1853, Marguerite Fauchon, quitta le battoir pour les planches. Sous le nom de Louise de Chamerau, elle débuta au Palais-Royal. On lui trouva de la beauté et on remarqua ses diamants.
Quelques mois après, désespérée des dédains d'un de ses camarades, elle s'habille comme au temps où elle était simple ouvrière, se dirigea vers la Chapelle, gagna le canal et s'y laissa choir. On ne la retrouva que le lendemain. La reine de 1860 se noya par accident dans la Marne !… »
Un journal de l'année précédente, La Justice, donne les mêmes noms et ajoute[189] : « Plus heureuses, les autres reines n'ont pas d'histoire. » Ce qui signifie que si elles ne connaissent pas un sort tragique relevant de la rubrique des faits divers, elles ne méritent pas qu'on leur accorde de l'attention. C'est un point de vue.
En 1859 pour critiquer la photographie Charles Baudelaire fait référence au Carnaval de Paris, aux bouchers de la Promenade du Bœuf Gras et aux blanchisseuses de la Mi-Carême[190] :
Un auteur qui signe son texte Jean Cabochard écrit[191] :
Deux éléments intéressants à relever ici. À l'époque la messe fait partie de la journée de fête de la Mi-Carême. Et la pluie battante n'arrête pas les fêtardes :
En 1868, Timothée Trimm explique[60] comment une blanchisseuse devient reine de son lavoir ou bateau-lavoir :
Il apparaît donc que la reine est cooptée, élue par une sorte de comité restreint et non sujette aux suffrages d'une assemblée. Ce qui changera par la suite.
Ici la reine choisi son roi. Comme il n'y a pratiquement pas d'hommes dans le lavoir, il arrive aussi que d'office un porteur d'eau ou le patron du lavoir soit couronné.
Le Gaulois écrit le mardi :
Après 1870 des problèmes internes aux bouchers parisiens, l'affaire Mathurin Couder, font disparaître pour longtemps le cortège de la Promenade du Bœuf Gras[195].
Seule restent en lice les cortèges informels (celui du Moulin Rouge, par exemple, qui défile pour le Mardi Gras et la Mi-Carême 1892)[196][source insuffisante] et bien sûr[pourquoi ?] les cortèges des lavoirs.
Un article de presse du [199] parle du costume festif des blanchisseuses :
Le 27 mai 1873, un journal néo-zélandais, le West Coast Times and Observer, publie un article sur la Mi-Carême à Paris, où on[Qui ?] lit notamment[117] :
Le Petit Journal écrit le [205] :
Un banal fait divers sans rapport direct avec le Carnaval survient en 1878 sur les lieux où les blanchisseuses de Paris viennent de choisir leur reine.
Ce qui fait que le journaliste qui rapporte l'affaire nous informe en passant sur ce qui nous intéresse ici :
Au cours des années, on[Qui ?] trouve fréquemment annoncée la disparition imaginaire du Carnaval de Paris ou d'un de ses grands événements. De ce genre de disparitions imaginaires on[Qui ?] trouve un écho dans L'Univers illustré parlant du bal de l'Opéra donné pour la Mi-Carême[208] :
En 1880 Jacques Offenbach fait de la Belle Lurette blanchisseuse de Paris l'héroïne de l'opéra-comique du même nom.
Le clou de celui-ci est le défilé des blanchisseuses pour la Mi-Carême qui se déroule sur scène.
En 1882 le journaliste Raoul Fauvel s'insurge avec humour contre l'emprunt du linge par les blanchisseuses en fête[210][source insuffisante] :
Le jeudi de la Mi-Carême , paraît un poème d'Escopette, qui nous donne d'intéressantes précisions sur la fête des blanchisseuses.
Il existe sans doute comme dans d'autres Carnavals des cris propres au Carnaval de Paris. « Ohé ! », en est peut-être un.
Jeanne Sauterie reine des blanchisseuses de 1830 à 1847 se costumait en Diane. En 1882, les blanchisseuses affectionnent toujours les costumes mythologiques : Minerve, Vénus.
Le troisième quatrain indique la présence de musiciens sur les chars des blanchisseuses.
La pratique consistant à « emprunter » les vêtements des riches pour se costumer est rappelée au quatrième quatrain.
Le sixième quatrain évoque la reine des blanchisseuses. Le poète parle d'une personne précise sans la nommer.
Jeanne Sauterie a été reine des blanchisseuses durant 17 ans. Il s'est passé 35 ans entre la fin de son règne et 1882. Les blanchisseuses paraissent fidèles à leur reine. Une fois choisie elle est reconduite dans sa fonction pendant longtemps. On peut supposer que la « commère aux airs farceurs » de 1882, est la troisième reine depuis Jeanne Sauterie[213]. Trois reines depuis 1847 totalisant chacune un règne d'environ douze ans.
Le huitième quatrain nous indique que la reine des blanchisseuses porte une couronne.
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Le Gil Blas du , daté du 2 mars, se fait l'écho des cortèges parisiens de la Mi-Carême[216] :
Le Petit Parisien écrit le [218] :
Le Petit Journal écrit le samedi [220] :
Berthe de Presilly débute ainsi son compte-rendu de la Mi-Carême dans le Carnet mondain de La Nouvelle Revue de mars-avril 1889[222] :
Une encyclopédie[223] à son article « Carnaval » décrit la Mi-Carême :
L'Illustration écrit en 1891[226] :
Parlant du cortège de la reine d'un lavoir parisien, L'Illustration écrit en 1891[226] :
En 1891, Morel président de la chambre syndicale des maîtres de lavoirs prend l'initiative de créer un comité des lavoirs qui fédère les cortèges des lavoirs parisiens. Apparaît alors la première Reine des Reines de Paris : Louise Sicard[231].
À son propos, Le Progrès Illustré, supplément littéraire du Progrès de Lyon, écrit le page 8 : « les organisateurs (de la Mi-Carême parisienne) ont voulu apporter à cette fête un élan nouveau : ils ont voulu avoir une reine des reines. Pour cela les maîtresses blanchisseuses se sont réunies en conseil secret pour désigner celle qui devait porter ce titre. À l'unanimité elles ont nommé Mlle Sicard dont nous donnons le portrait en première page. La reine des blanchisseuses est une belle fille de vingt-six ans, à la chevelure très brune, au teint mat, à la bouche souriante, aux yeux vifs. Lorsqu'elle était au lavoir Saint-Ange elle en avait été élue reine deux années de suite. Elle appartient maintenant au lavoir de la rue Milton. »
Le Petit Journal écrit, le 4 mars 1891, veille du défilé : « Au premier rang sera « la Reine des Reines », Mlle Louise Sicard, qui a été nommée la reine des quarante reines élues par les lavoirs concurrents. » Des guillemets encadrent le titre nouveau de Reine des Reines dans l'article intitulé : « LA REINE DES BLANCHISSEUSES ».
Le 5 mars 1891, jeudi de la Mi-Carême, tous les cortèges, ou tout au moins un grand nombre d'entre eux, convergent pour défiler de concert à partir de la place de la Madeleine. Un char des blanchisseuses de Rouen est venu se joindre à eux pour la circonstance. Place de la République cent mille personnes les attendent. Un jury décerne des récompenses. Le succès est immense[233].
Les facétieux étudiants des Beaux-Arts en profitent pour se joindre au cortège avec le char du lavoir des Beaux-Arts[234][source insuffisante].
Fait à relever, le jury qui juge les chars n'est pas formé de blanchisseuses. Il est masculin. Au nombre des hommes qui le composent, on trouve[style à revoir] : « Villard, ancien conseiller municipal, Hattat, conseiller municipal, Morel, Adenis, Merwart, etc[235]. » Morel est le président de la chambre syndicale des maîtres de lavoirs, donc du syndicat patronal, Merwart fait partie de l'Association générale des étudiants de Paris. Et ce jury ne juge pas que des chars de blanchisseuses, d'autres chars se sont joints au cortège, pas que celui des Beaux-Arts[style à revoir].
Le Monde illustré écrit, le [233] :
L'année d'après, pour la Mi-Carême, l'évènement est réédité, toujours avec un grand succès, et avec la Reine des Reines suivante. Cependant, Le Petit Journal, qui soutient à fond l'entreprise des maîtres de lavoirs écrit : « Cette année, la Mi-Carême avait perdu en grande partie son caractère spécial de fête des lavoirs et des blanchisseuses ; c'était une journée de réjouissance générale, une occasion de s'amuser à peu de frais ; les Parisiens n'ont eu garde de laisser échapper cette aubaine[236]. »
À la fête des blanchisseuses était toujours invité les « pratiques », c'est-à-dire les clients. Et quand les chars des lavoirs parcouraient les grands boulevards, tout le monde pouvait en profiter. Quand le journal écrit que la Mi-Carême a « perdu en grande partie son caractère spécial de fête des lavoirs et des blanchisseuses », il trahit les intentions de ceux qui sont en train de s'emparer de l'événement en en chassant ses organisateurs historiques : les blanchisseuses. L'opération de confiscation de leur fête est bien en route. En 1892, c'est encore un jury de reines qui élit la Reine des Reines. Bientôt, ce ne sont plus elles qui choisissent. Face à ce déferlement qui leur arrache leur fête au nom de l'efficacité, avec le soutien de la presse et des autorités, et avec des moyens matériels, que peuvent faire les blanchisseuses ?[style à revoir] Ce qui leur arrive : se faire déposséder d'une fête qui marche bien, au nom de la fête, par des personnes qui, pour le moment, ne proclament pas encore leurs intentions d'en faire autre chose, n'a même pas de nom[Interprétation personnelle ?]. Il faut attendre presque 120 ans et l'année 2009 pour voir avancer, pour des faits analogues, le qualificatif de « squat d'événement[237][source insuffisante] ».
En 1892, un journal parisien[238] écrit :
On peut supposer[style à revoir] que « la reine élue » et sa cavalcade dont il est question ici, c'est une reine et une cavalcade émanation des blanchisseuses elles-mêmes, évincées par une « reine et une cavalcade des blanchisseuses » émanation de la chambre syndicale des maîtres de lavoirs[239].
La fête des femmes dans le cadre du Carnaval de Paris avec l'élection et la cavalcade des reines des blanchisseuses organisées par les intéressées elles-mêmes disparaît.
Son nom et son prestige sont usurpés par d'autres qui l'ont remplacé par un spectacle[Interprétation personnelle ?].
Plusieurs raisons peuvent être envisagées :
Lors de la Mi-Carême 1890 avait brillé une nouveauté : une cavalcade organisée par le Marché du Temple, qui avait notamment rendu visite aux sièges de grands journaux parisiens. L'idée d'organiser un cortège des lavoirs l'année d'après à la Mi-Carême 1891, avec les très actives blanchisseuses dont c'est la fête, vient probablement de là[241].
Les Maîtres de lavoirs ont peut-être aussi voulu :
Dans les années 1890 et autour d'elles, la pression des femmes pour acquérir de nouveaux droits, espaces d'expression et libertés, connaît des avances significatives, même en termes symboliques.
En 1897, par exemple, pour la première fois une femme intègre comme élève l'École des Beaux-Arts de Paris.
On débat de la possible entrée des femmes en politique.
Devant l'avancée féminine générale, les hommes qui dirigent les lavoirs ont pu, en réaction, souhaiter priver les femmes de la maîtrise de la Mi-Carême.
Ils ont pu aussi souhaiter ainsi liquider le réseau des reines échappant au contrôle des maîtres de lavoirs, pour prévenir sa possible transformation en réseau revendicatif des blanchisseuses. Qui ont déjà commencé à l'époque à se syndiquer. En février 1889, cinq ans à peine après la loi de 1884 autorisant les syndicats professionnels, une assemblée de cinq cents blanchisseuses parisiennes décide la fondation d'une chambre syndicale des blanchisseuses[242]. Et en juin 1890, un conflit social dur et bref entre les maîtres de lavoirs et les blanchisseuses se solde par le recul précipité des patrons. Dans la foulée, les blanchisseuses en mouvement, voulant obtenir plus encore, créent un « comité de résistance » composé de vingt-huit dames « pour résister à l'augmentation du prix des places et poursuivre une campagne en vue d'obtenir du Conseil municipal, l'établissement de lavoirs municïpaux[243]. » C'est-à-dire parvenir à la liquidation des maîtres de lavoirs.
Le rôle d'éléments extérieurs aux lavoirs n'est pas non plus à négliger dans l'évolution suivie par l'organisation de la Mi-Carême : politiques et presse en particulier. Le Petit Journal, premier soutien de l'initiative des maîtres de lavoirs a certainement joué un rôle. Habitué de la publicité, soutien traditionnel et sans doute intéressé de la Mi-Carême, il a peut-être même été à l'origine de la transformation de la fête des blanchisseuses en autre chose. La mise en scène nécessitant d'en attribuer l'origine à celles-mêmes qui en étaient spoliées : la paternité du changement et de la cavalcade de 1891 est attribuée cette année-là à une « Société des ouvriers et ouvrières en blanchisserie[244] ». Six ans plus tard, Le Petit Journal n'a plus besoin de travestir la vérité et évoque uniquement en qualité d'organisateurs le « comité des maîtres de lavoirs[245] ».
De 1891 à 1939 inclus, en comptant les scissions, révocations ou abdications, Paris voit élire 51 Reines des Reines de la Mi-Carême. Cette galerie présente les noms, prénoms et visages des 51 Reines des Reines de Paris.
Extrait du programme de 1892[296] :
En 1893, la lecture de l'Écho de Paris daté du 10 mars[300], nous apprend qu'il est en fait prévu pour la Mi-Carême deux cortèges des blanchisseuses. Le grand cortège, abondamment détaillé – auquel se joignent étudiants et marchés, –– de la Reine des Reines de Paris 1893 Eugénie Petit, blanchisseuse au lavoir de la Santé.
Et un autre cortège, mentionné juste en quatre lignes, sans autres précisions :
Ce cortège paraît être une tentative de riposte organisée et concurrentielle des ouvrières blanchisseuses syndiquées cherchant à reprendre à leurs employeurs le contrôle de la fête traditionnelle de la Mi-Carême.
Quand les très populaires étudiants parisiens annoncent en 1893 qu'ils vont se joindre au cortège des blanchisseuses, François Coppée les salue avec un poème : Aux étudiants pour leur Cavalcade de la Mi-Carême. Il les encourage à célébrer la Mi-Carême comme « le bon peuple naïf » et danser avec les blanchisseuses[303].
Le 9 mars, sur les grands boulevards, trois cortèges défilent pour la Mi-Carême : de la reine des reines, de la reine du Temple (le marché du Carreau du Temple) et de la reine du syndicat (de l'Alimentation parisienne).
Les étudiants de Paris, avec l'armée du chahut[129], organisation qui a fait une première apparition très discrète l'année précédente[304], remporte un succès immédiat.
Le journal Le Temps relève à cette occasion que :
À la Mi-Carême suivante, le , les étudiants sont toujours présents[307] et François Coppée leur écrit à nouveau un poème[308].
On remarque[style à revoir], dans leur défilé : les chats mousquetaires à cheval d'Alfort[309][source insuffisante], la rosière du XXIe arrondissement de Paris (un jeune homme travesti), etc.
Ainsi, à la Mi-Carême, à partir de 1893] les extrémités sociales se touchent. Défilent ensemble les étudiants, issus de familles privilégiées, les employés des marchés et de l'alimentation et les femmes des lavoirs, représentants les couches populaires les plus modestes.
À partir de ce moment, si ce n'est déjà avant, la Mi-Carême devient la grande fête des étudiants parisiens. Et le reste au moins une cinquantaine d'années. On rencontre la dernière importante participation étudiante à la Mi-Carême le .
Le long de toutes ces années, les étudiants élisent souvent leurs reines, pourvues d'un titre spécial qui varie : Lisette des étudiants, etc. Il existait déjà vers 1840-1850 une reine des étudiantes parisiennes. Émile de Labédollière, qui en parle dans un ouvrage général sur Paris, ne précise pas si la reine des étudiantes avait un rapport avec la Mi-Carême :
Extrait de La Presse, , page 1 :
Julius écrit, le , dans La Revue diplomatique[314] :
L’Écho de Paris écrit en 1897, à propos du soir de la Mi-Carême[316] :
La Mi-Carême 1898, le 17 mars, tombe en pleine affaire Dreyfus. Le procès d’Émile Zola pour diffamation dure depuis dix jours devant la Cour d'assises de la Seine. Les dreyfusards essayent d'introduire un char politique dans le défilé festif. La Croix raconte cette tentative[317] :
Au moment de la Mi-Carême 1899, on est toujours en pleine affaire Dreyfus. Cette fois-ci, ce sont des antidreyfusards qui manifestent. Le 9 mars, la fête leur donne l'occasion du lancé de confettis antisémites à Paris[318].
Le Matin rapporte cette rarissime manifestation politique dans le cadre du très neutre Carnaval de Paris[318] :
Ce que Morel n'avait certainement pas prévu, c'est qu'en créant une Reine des Reines il allait faire naître une concurrence avec les patrons des marchés parisiens pour la possession du titre.
Ceux-ci s'en emparent à partir de 1898. La Reine des Reines des marchés remplace la Reine des Reines des lavoirs.
Consacrant, à sa façon et sans la détailler, la défaite du comité des lavoirs, Le Petit Journal écrit alors :
Le journal ajoute plus loin :
Les initiatives des lavoirs pour participer à la Mi-Carême mentionnées ici relèvent des patrons. Il n'est plus question des blanchisseuses. Leur fête traditionnelle leur a échappé. Elle leur a été confisquée[Interprétation personnelle ?].
Ayant éliminé les lavoirs, les marchés se répartissent l'élection de la Reine des Reines, comme on le voit[Qui ?] à la lecture de La Revue hebdomadaire rapportant l'élection de Clotilde Ozouf en février 1900[324] :
En 1901, en vertu de cette règle, une Reine des Reines élue, Eugénie Romelotte, est presque aussitôt déchue et remplacée par une autre, comme le rapporte le journal La Presse :
En 1901, croyant certainement que la Mi-Carême parisienne est encore une fête ouvrière organisée et contrôlée par les blanchisseuses, des mineurs grévistes de Montceau-les-Mines montent à Paris pour y participer de façon politique et organisée. La Mi-Carême parisienne paraît avoir un grand prestige à Montceau-les-Mines où est attestée en 1924 l'existence d'une Reine des Reines avec son char à l'exemple de Paris[326][source insuffisante]. Ils construisent deux chars à la Bourse du travail rue Charlot et tente le jeudi de la Mi-Carême 14 mars de rejoindre le cortège place de la Concorde. Ils se heurtent à l'hostilité du public et à l'action de la police qui neutralise complètement leur initiative. Cet incident est abondamment rapporté et commenté par la presse parisienne de l'époque. Il constitue un des deux seuls du genre dans le cadre de la Mi-Carême, fête apolitique et carnavalesque réunissant indifféremment des représentants de toutes les couches, tous les âges et tous les bords de la population. L'autre incident politique du même ordre ayant été celui du char des dreyfusards en 1898[317].
En juillet 1901 paraît dans La Caricature un dessin de Huard intitulé Confidences[327]. C'est le seul connu qui fait allusion à l'interaction entre la Mi-Carême et la politique. À son amoureux, une blanchisseuse déclare :
Début 1902, une scission s'opère chez les organisateurs du cortège de la Mi-Carême. Dorénavant, il y a deux Reines des Reines élues chaque année : une pour la rive droite, l'autre pour la rive gauche. Cette situation dure jusqu'à l'année 1905 inclus. En 1905, les organisateurs sont réunis[328], mais il existe encore deux Reines des Reines : Jeanne Troupel pour la rive droite, Pauline Toyer pour la rive gauche. Par la suite, il n'existe à nouveau plus qu'une seule Reine des Reines de Paris. La dernière élue est Odette Vercheval en 1939. Cependant, après la réunification, la Reine de la rive gauche continue à exister en tant que telle au moins durant plusieurs années. C'est ce qui apparaît sur une carte-postale figurant les Reines de Paris 1908. Au côté de Fernande Morin, Reine des Reines et d'autres reines, apparaît Marie Chavois, Reine de la Rive Gauche[329][source insuffisante].
En 1903, c'est au tour du commerce parisien représenté par le Comité des Fêtes de Paris, organisme privé réunissant des personnalités et des syndicats patronaux, de se saisir de l'organisation de la Mi-Carême[330]. Il est dirigé par Léon Brézillon propriétaire notamment de deux cinématographes, c'est-à-dire deux salles de cinéma.
Le Petit Journal, le mardi 17 mars 1903, se fait l'écho du changement :
L'élection échappe aux femmes. Ce sont des journalistes, députés, élus de Paris, de sexe masculin, qui choisissent la reine.
À la faveur de son institutionnalisation, la Mi-Carême parisienne a été confisquée à ses animatrices traditionnelles : les ouvrières blanchisseuses. La festivité parisienne est organisée dorénavant par des commerçants, artisans, personnes aisées en général. La composition du Conseil du Comité des fêtes du quartier des Invalides en 1903 est parlante à ce sujet : 19 membres, tous des hommes, dont 17 artisans ou commerçants, un inspecteur de la Compagnie du gaz et un commandant en retraite.
La popularité des Reines des Reines reste immense. Elles sont reçues à l'hôtel de ville, la préfecture de Police, l'Élysée et acclamées par quatre cent mille Parisiens !
Les lavoirs sont toujours présents, mais ne sont plus les organisateurs principaux.
Le Petit Journal écrit, le 20 mars 1903[336] :
C'est l'occasion de venir sabler le champagne au journal et y porter une contribution aux œuvres charitables qu'il organise.
16 lavoirs sont mentionnés dont 4 venus de la banlieue.
Les 16 lavoirs mentionnés en 1903 par Le Petit Journal sont ceux dont des délégations sont venues visiter sa rédaction. Il est possible que d'autres ont aussi fait la fête et défilé ce jour-là et que le journal ne les mentionne pas[Interprétation personnelle ?] :
Le Petit Journal précise[336] :
Longtemps le prestige des blanchisseuses reste associé à la Mi-Carême. Un dessin comique publié en 1909 atteste qu'à l'époque le cortège de la Mi-Carême est encore couramment appelé cortège des lavoirs[337].
La Mi-Carême 1903 offre comme originalité un cortège avec une importante composante automobile. G. Etchépérestou écrit à ce propos dans Le Journal amusant du 28 février[340] :
En 1903, la Mi-Carême apparaît dans Sans Mère !, pièce de théâtre de Michel Carré et Georges Mitchell[343].
Extrait d'une critique :
Vers 1900, la popularité de la Reine des Reines a franchi les frontières.
À l'époque c'est une élue des marchés parisiens. Ce serait à son exemple que d'autres reines apparaissent dans le monde[346].
Ce qui est certain en tous cas, c'est qu'en 1902 de grandes fêtes sont organisées au célèbre marché de Porta Palazzo à Turin. Bien qu'ayant un caractère carnavalesques, elles ont lieu en septembre loin de la période du Carnaval. Est élue à cette occasion la première reginetta palatina, ce qui signifie en italien : « petite reine palatine », car le marché de Porta Palazzo se trouve voisin de la porta Palatina, monument antique romain[347].
En septembre 1904, à l'initiative du journal turinois satirico-humoristico-politico-sociale « Il Fischietto »[348], la Reine des Reines, avec d'autres reines de la Mi-Carême parisienne, participent aux fêtes de Porta Palazzo[349].
C'est un voyage fabuleux pour l'époque et pour des reines d'extraction modeste[350].
C'est le début d'une période de dix ans d'échanges internationaux entre la Mi-Carême parisienne et des villes d'autres pays que la France.
L'annonce de la participation italienne à la fête à Paris en 1905 galvanise les Parisiens et amène la réunification de la Mi-Carême parisienne qui, depuis trois ans, s'était divisée avec une Reine des Reines de la rive gauche et une Reine des Reines de la rive droite de la Seine.
Le , « M. Brezillon a exposé au préfet (de Police Louis Lépine) la fusion des deux comités, suscitée surtout par le désir de faire mieux que ce qui a été fait jusqu'alors, en unissant les ressources, les efforts et les initiatives pour pouvoir organiser une réception grandiose aux délégations des halles et marchés de Turin et aux commerçants des grandes villes italiennes qui se joindront à elles[164]. »
Une délégation parisienne est invitée au Carnaval de Milan en 1905[351].
À la gare de Turin, Torino Porta Nuova, le , à 0 heures 20, une foule énorme acclame le convoi de douze voitures, attelées de deux locomotives, qui part vers Paris[352]. Trois cents Italiens, de Turin et Milan, partent participer aux fêtes de la Mi-Carême 1905. À leur tête se trouvent la reginetta palatina Rosina Ferro-Pia, reine du marché de Porta Palazzo et Maria Nulli, reine des marchés de Milan.
Dans le programme pour les fêtes de la Mi-Carême, 1905[164] est indiqué qu'il est prévu que le 30 mars défileront dans la grande cavalcade des marchés, lavoirs et cortège allégorique des syndicats de l'Alimentation parisienne 40 chars et 2000 figurants.
Ce jour-là, la cavalerie du Wild West Show le célèbre cirque de Buffalo Bill[353] arrivé la veille de la fête à Paris rejoint le cortège et l'accompagne ensuite :
Le soir, les reines avec leur suite officielle sont reçues à l'Hôtel de ville et à la préfecture de police.
Le lendemain soir une retraite aux flambeaux de la gare de l'Est à l'Observatoire rassemble 1000 musiciens et 1500 figurants avec chars lumineux, illuminations et feux d'artifice[354].
Ce n'est pas la première fois que le Carnaval de Paris reçoit une délégation étrangère. Déjà le mardi gras , une délégation de 64 étudiants espagnols, membres de la Estudiantina espagnola de Salamanque, avec guitares et tambourins avaient défilé dans Paris, accueillie par 600 étudiants parisiens et une foule immense[355].
La Gazzetta del Popolo (Journal du Peuple), éditée à Milan, écrit le 1er avril 1905 :
En 1906 au scrutin pour l'élection de la Reine des Halles présidé et organisé par une large majorité d'hommes, les électrices sont très nombreuses[357]. En revanche, quand il s'agit de choisir parmi les candidates, reines ou demoiselles d'honneur, la Reine des Reines, c'est tout autre chose[358]:
En 1906, on relève un des rares incidents politiques rapporté par la presse dans le cadre de la Mi-Carême :
Deux sociétés bigophoniques, dont celle des Étourdis de Paris, participent de façon marquante au cortège de 1906[362].
Quand on[Qui ?] étudie le Seul Programme Officiel de la Mi-Carême 1911[8], on réalise[Quoi ?] que chacune des 10 Reines présentées comme Reine de Paris, est en fait l'élue d'une des associations qui adhère au Comité des Fêtes de Paris[Interprétation personnelle ?], organisme à caractère privé, déposé selon la loi de 1901. Certes, les Reines n'ont jamais été des élues du peuple, mais pourquoi présenter les Reines d'une fédération d'associations parisiennes comme les Reines de Paris en général ?[style à revoir] Il aurait peut-être été plus juste de les présenter comme les Reines du Comité des Fêtes de Paris ?[Interprétation personnelle ?] Mais, à cette objection, on peut[Qui ?] répondre que les élections de Reines de Carnaval sont des élections de Carnaval. Et que le titre royal invoqué, les insignes royaux et l'imposant char de parade employés suffisent pour conférer une légitimité... de Carnaval[Interprétation personnelle ?][363].
On ne saurait[style à revoir] nullement par ailleurs accuser le Comité des fêtes de Paris, organisme privé, de vouloir se substituer abusivement aux autorités municipales. Car la ville de Paris ne dispose d'aucune Commission des fêtes, mais tout au plus juste d'une Commission de la fête nationale, comme cela apparaît dans un débat tenu au Conseil municipal de la ville le 30 décembre 1911[364].
Le programme de la Mi-Carême parisienne 1906 annonce que l'organisation de sa tombola est faite au Profit des Pauvres de Paris et de la Société de Secours Mutuels. Cette Société de Secours Mutuels est sans-doute celle dépendante du Comité et de l'Harmonie des Fêtes de Paris, c'est-à-dire des organisateurs de la tombola. En ceci, le Comité des fêtes de Paris reste fidèle à la tradition qui veut combiner festivités et bienfaisance, comme cela se faisait déjà à Paris, par exemple en consacrant en 1830 aux pauvres les bénéfices du célèbre bal masqué de l'Opéra[365].
En 1906, 1909, 1910 et 1911, les échanges festifs internationaux se poursuivent. Participent à la Mi-Carême parisienne des délégations avec les reines et demoiselles d'honneur de Lisbonne, Vevey[366], Madrid, Rome, Ostende, Prague.
Participent également à la fête à Paris des délégations de provinces françaises.
Des Reines parisiennes visitent Londres, Rome[370], Saint-Sébastien[371], Madrid[372], Naples[373], Prague[374].
En 1908, elles assistent à Madrid à des courses de taureaux, ce dont s'indigne un journaliste français : « il est regrettable, en vérité, que les comités espagnols chargés de les recevoir n'aient pas senti toute l'inconvenance qu'il y avait à imposer à des jeunes filles françaises ce spectacle hideux[375]. »
Les Reines parisiennes visitent également la province. Ainsi, le , Rosa Blanche Reine des Reines de Paris 1906 paraît aux côtés de la Reine du Commerce de Chartres, à la Cavalcade Paris-Chartres organisée à Chartres. À cette occasion, une carte-postale souvenir est éditée par le journal Le Matin[376][source insuffisante].
Le , Augustine Orlhac Reine des Reines de Paris, participe au défilé fleuri de Saumur dans son char monumental amené de Paris[73]. Le mois suivant, elle paraît aux Fêtes Normandes à Rouen, aux côtés de ses demoiselles d'honneur, assise dans un splendide landau fleuri[377][source insuffisante].
Le , se joint à la cavalcade de la Mi-Carême un protestataire original : Jean-Baptiste Doussineau, amputé des deux jambes, qui depuis la fin décembre 1909 parcourt les rues de Paris à dos de chameau, en compagnie d'un ami arabe, Ali ben Amar. Il vend des cartes-postales, fait la charité et harangue la foule. Ancien boulanger « tombé dans le pétrin », selon ses propres mots, il accuse la Compagnie de l'Ouest et l'Assistance publique de ne lui avoir porté aucun secours après l'accident de chemin de fer qui l'a laissé infirme[378][source insuffisante].
Le , aux commandes de son aéroplane, l'aviateur Jules Védrines jette des bouquets de violettes sur le cortège de la Mi-Carême parisienne, qui est ensuite survolé par le ballon dirigeable espagnol Astra Torrès[379].
Le , défilent à Paris trois cortèges à l'occasion de la Mi-Carême : celui de la rive droite, avec la reine des reines, celui de la rive gauche avec la rose des roses et, enfin, pour fêter son cinquantième anniversaire, Le Petit Journal fait défiler un cortège formé de groupes et chars du Carnaval de Nice[380]. Le cortège de la rive droite est organisé par le Comité des fêtes de Paris, organisme privé dirigé par Léon Brézillon. Celui de la rive gauche est organisé par la Fédération des comités des fêtes de la rive gauche, fédération constituée en 1911 afin d'organiser une cavalcade sur la rive gauche. La ville de Paris a concouru au premier cortège par une subvention de 20 000 francs, et au second par une subvention de 6 000 francs[364].
Cinq chars de Nice défilent à Paris en 1912 : le char de S. M. Carnaval XXXX[Comment ?][pourquoi ?], les chars de la Rascasse, du Carnaval, des Gardiens du Louvre et de la Vie chère[381]. Le char des Gardiens du Louvre fait référence au célèbre vol de la Joconde, qui a eu lieu en août 1911. Il s'agit d'un char tiré par un âne en cartonnage coiffé de la célèbre tiare de Saïtapharnès, un faux acheté comme authentique par le Louvre en 1896[382]. Comme aucun atelier parisien n'a de portes assez larges pour laisser sortir les chars de Nice une fois remontés, un atelier de fortune est installé sous les arcades du métro aérien, station Corvisart. Celles-ci sont fermées avec de grandes bâches[383]. La même année, la représentante des étudiants parisiens qui défile sur son char dans le cortège de la Mi-Carême porte le titre d'Estudiantina, nom porté par les groupes musicaux et costumés traditionnels d'étudiants d'Espagne, Portugal et Amérique latine[384]. Un Char de la Vie Chère qui défile en 1913 au Carnaval de Chalon-sur-Saône paraît comporter des éléments réemployés de chars niçois montés à Paris en 1912. Ce ne sont pas les seuls à avoir ainsi poursuivi leur route au-delà de Paris pour être réutilisé festivement ailleurs[385].
En 1912, un cortège de la Reine des Reines défile pour la Mi-Carême le même jour que deux autres. Cependant, comme on peut le voir à la lecture du journal[style à revoir] Le Gaulois, son triomphe dissimule une faiblesse organique fondamentale. Il ne représente plus l'expression de la ferveur populaire. D'une fête vivante où les masses se déguisent et vont défiler, comme c'est le cas dans les fêtes carnavalesques vivantes, comme la Mi-Carême parisienne jusqu'en 1890, ou encore, aujourd'hui, le Carnaval de Dunkerque et des villes alentour. C'est une organisation méticuleuse et onéreuse, un spectacle subventionné en plein air dont l'existence repose sur l'argent[Interprétation personnelle ?], même si on y retrouve[style à revoir] de la bonne volonté et de la joie partagée. Dès que l'argent manquera au rendez-vous, ces cortèges disparaîtront des rues de Paris[386] :
« Lorsque ce magnifique cortège défilera, on ne se rendra guère compte du travail colossal que son organisation a nécessité, ni des sommes relativement importantes que le comité a dû dépenser.
Ainsi, chaque char, pris en location seulement, revient de quinze cents à trois mille francs. Quant à la figuration, elle est représentée ordinairement par cent cinquante à deux cents femmes payées à raison de huit francs pour la journée et un millier d'hommes à cinq francs.
Le travestissement féminin vaut vingt francs ; le costume masculin dix francs, en moyenne. Il faut ajouter à cela la location de mille tiges de bottes à un franc la pièce et autant de perruques de un à trois francs, selon la qualité ou le style.
Les musiciens, au nombre de cinq cents, se paient de dix à douze francs ; les tambours et les trompettes ne valent que neuf francs ; par contre, les sonneurs de trompe de chasse reçoivent quinze francs. C'est un tarif établi.
Comme accessoires, il faut compter cinquante bannières à quinze francs la pièce, les armures, les hallebardes, épées, lances, etc., dont la location moyenne vaut, de un franc à quatre francs. Nous ne devons pas oublier non plus dans ce chapitre les cartonnages, les motifs portés à la main, les grosses têtes, dont le prix est de vingt à vingt-cinq francs, et qui figurent au nombre d'une centaine dans le cortège.
C'est la cavalerie qui occasionne les plus fortes dépenses. Il faut des chevaux de selle pour les cavaliers et des chevaux de trait pour tirer les chars. Paris n'offre à ce point de vue que des ressources très limitées, puisque la grande extension de l'automobile a supprimé la plupart des écuries. Pour se procurer les deux cents chevaux nécessaires aux personnages montés, il est obligatoire, après avoir engagé tous les chevaux des manèges parisiens, de s'adresser aux écuries spéciales de Montmorency, Robinson, Enghien, Meudon, etc. Les prix de location atteignent maintenant des prix fantastiques : vingt-cinq à vingt-huit francs.
Les chars, eux, exigent, suivant leur importance, quatre, six ou huit chevaux de trait, à cinquante francs la paire, loués chez des entrepreneurs de camionnage, et deux conducteurs par paire à six francs par homme engagé, les hommes de métier pouvant seuls opérer de savants virages sans accident.
D'ailleurs, le comité, par prévoyance, contracte une assurance contre les accidents, qui lui coûte de six à sept cents francs pour cette unique journée.
On doit[Qui ?] ajouter aux frais de cavalerie la location des selles d'hommes et de femmes à trois francs par cheval. Le recrutement de la figuration n'est pas chose aisée. C'est au personnel habituel de certains théâtres, comme le Châtelet, où manœuvrent des masses de figurants, que l'on fait[Qui ?] appel. Les écuyères, peu nombreuses, sont recrutées où on peut[Qui ?]. Quant aux cavaliers, on exige[Qui ?] d'eux la production de leur livret militaire, afin de s'assurer que les futurs mousquetaires ont servi dans un régiment de cavalerie.
L'embauchage étant terminé, rendez-vous est donné à la figuration dans un groupe scolaire. Les femmes s'habilleront du côté de l'école des filles, les hommes à l'école des garçons.
Dès sept heures du matin, le travail du travestissement commencera sous la surveillance de chefs des groupes, recevant chacun un salaire de trente francs. Ces chefs de figuration seront chargés du matin au soir de veiller sur leur équipe et de la contrôler, le comité étant responsable par traité de toute perte d'effet, de perruque ou d'accessoire.
Les costumes d'hommes ne sont pas essayés, mais distribués au jugé.
Quant aux femmes de la figuration, quinze jours d'avance elles se rendent chez les costumiers pour essayer leur travestissement, car il serait impossible de procéder pour elles comme pour les hommes et de les habiller à la dernière minute.
Maintenant, tout est prêt. Dans quelques heures les trois cortèges défileront et tout Paris sera dans la rue pour les acclamer. »
En 1905 viennent à Paris les Reines italiennes. Puis en 1906 arrivent un nombre impressionnant de délégations étrangères, espagnole, italienne, portugaise et veveyzanne. Ensuite plus rien jusqu'en 1909 année où Paris reçoit la visite de Reines d'Ostende. Ostende ce n'est pas aussi loin que Madrid ou Rome.
La réduction visible après 1906 de l'ampleur des échanges internationaux dans le cadre des fêtes de la Mi-Carême doit avoir une raison[Interprétation personnelle ?]. Elle n'a pas été à ce jour retrouvé[Interprétation personnelle ?].
En 1909 la Reine des Reines a une identité régionale comme le rapporte Le Petit Parisien[391] :
Les organisateurs de la cavalcade du à Saumur invite à cette occasion dans leur ville la Reine des Reines de Paris qui défile avec son char venu de la capitale[393].
En 1910 et 1911 arrivent à Paris pour la Mi-Carême des délégations praguoises. Mais 1910 est selon une source tchèque l'année de l'échec d'un gros emprunt de la ville de Prague placé à Paris[394][source insuffisante]. La reine tchèque de 1910 portant un vêtement décoré avec le lion de Bohème, les reines des fleurs praguoises l'année d'après, seraient-elles venues aussi pour promouvoir cet emprunt auprès des souscripteurs français ?
L'accueil de la foule parisienne en tous cas est enthousiaste. Elle leur crie en tchèque : « Nazdar ! », ce qui est le salut des Sokols, les faucons, sociétés sportives et patriotiques tchèques[395][source insuffisante].
Le succès remporté par la fête n'empêche pas de voir fin 1911 Léon Brézillon, président du Comité des Fêtes de Paris, se plaindre dans l'Almanach pratique du journal « Le Petit Parisien » du manque de subventions officielles pour la Mi-Carême :
À la même époque existent des Comités locaux, chargés d'organiser les fameux bals du 14 juillet. Il y en a 28, rien que pour le 3e arrondissement de Paris (chiffre attesté en 1904). L'origine, l'organisation, le rôle et la composition exacte de ces comités locaux seraient intéressantes à déterminer. Les moyens dont ils disposent sont importants. Ils reçoivent, chaque année, de très grandes subventions de la ville de Paris. En 1904, elles s'élèvent, par exemple, à 255 000 francs[401]. Avec cet argent, les festivités organisées amènent également une clientèle aux débits de boissons qui accroissent leurs bénéfices sans avoir la charge des frais du bal. Le 14 juillet est une fête officielle avec des aspects populaires. La Mi-Carême et la Promenade du Bœuf Gras au Carnaval de Paris sont des fêtes populaires avec quelques aspects officielles comme la réception des Reines à l'hôtel de ville ou la Préfecture de police. Il y a encore, dans les années 1920, pratiquement un bal du 14 juillet devant chaque bistro. La diminution des subventions aux festivités du 14 juillet amène par la suite la quasi-disparition de ces animations parisiennes.
Le projet de fêtes saisonnières parisiennes souhaitées par Léon Brézillon connait un début de réalisation en 1912 avec le cortège de la Rose des Roses le jour de la Mi-Carême[402]. Le cortège annoncé est ainsi constitué[403] :
La Rose des Roses 1912 est une couturière âgée de dix-huit ans, Marie Laponche[399]. En 1913, le cortège de la Rose des Roses est annoncé à une date différente de celle de la Mi-Carême et sous le nom de « Fête du Printemps » :
Les 4 mai 1913[405] et 3 mai 1914[406] voient défiler ce cortège costumé à l'occasion du printemps. Des jeunes filles, les roses en sont les vedettes et l'une d'entre elles est la rose des roses. Le thème est en 1913 : les fleurs, en 1914 : la locomotion à travers les âges. Ces cortèges sont organisés conjointement par la Fédération des comités des fêtes de la rive gauche et la très populaire Association générale des étudiants de Paris. La rose des roses 1913 est Mademoiselle Hélène Mangeot. Celle de 1914 Mademoiselle Suzanne Olivier et ses suivantes Mesdemoiselles Le Calvez, Reverdy et Jacquet.
En 1913, le Concours Général Agricole se termine à Paris le 27 février. À cette occasion est organisé dans la rue une Fête de l'Agriculture, cortège comportant un char du Bœuf Gras. Cette date coïncide avec la Mi-Carême. Ce qui fait que ce jour-là, en des lieux différents de Paris défilent les deux cortèges carnavalesques traditionnels parisiens : la Promenade du Bœuf Gras et le cortège de la Mi-Carême, avec, en vedette, Germaine Brégnat, Reine des Reines de Paris 1913[407].
En 1914, une photo de presse montre les huit candidates au moment de l'élection de la Reine des Reines[409]. La Mi-Carême parisienne accueille pour la deuxième fois une délégation turinoise avec à sa tête la Reginetta palatina (petite reine palatine) Adélaïde Revelli et pour la première fois une délégation de Boulogne-sur-Mer[410].
La même année Le Gaulois écrit à propos des Reines :
Les Reines ne sont plus Reines que de noms. Elles ne règnent pas sur la fête mais servent de décoration. Après les avoir sélectionnées, on les exhibe, on les couvre de cadeaux, on leur offre des voyages, mais elles ne décident plus et ne sont plus élues par les femmes.
Le Carnaval de Paris est interdit en janvier 1915.
L'interdiction s'applique. Le 12 mars 1915, lendemain du jeudi de la Mi-Carême, Le Figaro écrit :
Après l'interruption de la Grande Guerre la fête redémarre dès mars 1919[414]. Lucie Bataille, première Reine des Reines de Paris depuis 1914 est élue en février 1920[415].
Le Comité des fêtes de Paris, organisme privé qui organise les festivités de la Mi-Carême depuis 1903, connaît une évolution antiféminine et peu festive et une crise au début des années 1920.
La fête pour exister a besoin d'être organisée. L'organisation défaillant la fête va aussi connaître des problèmes.
En 1922, la fête des femmes est organisée par un Comité des fêtes de Paris qui a une conception très particulière de la femme. Vingt reines ont été élues, une par arrondissement de Paris. On donne à chacune des reines dix-neuf bulletins de vote nominatif correspondant aux dix-neuf autres reines en dehors d'elle.
Ainsi elle ne pourra voter que pour quelqu'un d'autre qu'elle. Cette façon d'organiser le scrutin est justifiée par les organisateurs comme permettant de rabattre la coquetterie féminine. La reine doit s'engager à ne pas faire de la boxe, du théâtre ou du cinéma[416].
Le 26 février est élue Reine des Reines 1922 Germaine Buchet reine du 12e arrondissement, avec pour première demoiselle d'honneur Fernande Peiffer reine du 6e arrondissement et secondes demoiselles d'honneur Jeanne Cron reine du 14e arrondissement et Germaine Ernès reine du 20e arrondissement[417].
Floréal. L'hebdomadaire illustré du monde du travail, le 4 mars suivant, indique que la nouvelle Reine des Reines est appelée à recevoir de très importantes gratifications matérielles : vingt mille francs de dot auxquels s'ajoutent dix mille francs de meubles[418].
Vers le même moment, l'Association générale des étudiants de Paris procède à l'élection de « La Lisette » reine des étudiants de Paris[419].
Les Corses de Paris de leur côté élisent également leur Reine[420] :
Le jeudi de la Mi-Carême « il faisait frais, presque froid[422] ». Le mauvais temps n'a jamais été un obstacle à la tenue du cortège. Celui de 1914 a, par exemple, défilé sous une pluie battante. Cette fois-ci les organisateurs paraissent singulièrement frileux, comme le relève Le Petit Journal dans un article intitulé Un somptueux cortège de Mi-Carême sous un ciel d'hiver, Les Reines ont défilé dans des automobiles fermées :
Les hésitations météorologiques du Comité sont en complet décalage avec la réalité d'une fête d'hiver qui attire la très grande foule parisienne habituelle :
La joie collective est renforcée par la levée de l'interdiction des confettis à Paris, interdits depuis 1919 et autorisés en 1922[423].
Durant l'été 1922 une scission a lieu au Comité des fêtes de Paris organisateur de la Mi-Carême. Son nouveau Conseil d'administration, composé de vingt membres élus et dix-sept présidents de Comités d'arrondissements, par un vote décide que la Reine des Reines 1922 qui ne reconnaît pas la nouvelle direction est déchue de son titre. Le prétexte invoqué est qu'elle veut aller participer aux fêtes de La Baule comme prévu auparavant et refuse d'obéir au Comité qui veut à présent l'envoyer participer au Carnaval d'été à Calais[424].
Comme le précise Le Petit Parisien du , elle n'est pas la seule à être déchue :
À la place de Germaine Buchet est désignée comme nouvelle Reine des Reines une de ses demoiselles d'honneur : Jeanne Cron, avec pour demoiselles d'honneur Lucienne Loin, reine du 17e arrondissement et Renée Durand, reine du 15e arrondissement. Les remplaçantes sont récompensées de leur docilité par la promesse d'une semaine de vacances au bord de la mer suivant les trois jours du carnaval d'été calaisien. Récompense très appréciable pour des reines de condition modeste, en des temps où les congés payés n'existent pas et où pratiquement seuls les riches peuvent s'offrir des vacances.
Le Petit Journal écrit le même jour :
Au Comité des fêtes de Paris, la nouvelle direction veut carrément jeter la tradition par-dessus bord et tout changer. Comme cela apparaît en août 1922 dans un bref article du Petit Parisien intitulé Les fêtes de Paris en 1923 :
Traduisant cette intention, l'Almanach illustré du Petit Parisien pour 1923, sorti fin 1922, annonce pour 1923[427] :
Le , est annoncé dans le journal La Presse le début de la parution d'un roman-feuilleton de Maxime La Tour Reine des Reines, roman dramatique, dont l'héroïne est Reine des Reines de la Mi-Carême parisienne[428].
Depuis 1900 jusqu'à au moins 1935, des bals sont organisés dans le parc d'attractions parisien Magic City. Existant déjà en 1920, celui de la Mi-Carême est durant très longtemps le phare des nuits homosexuelles à Paris[432]. Il se déroule sur la grande piste de danse avec orchestre située au 1er étage du 180 rue de l'Université[433],[434]. Le bal est immortalisé par le photographe Brassaï en 1931[435].
Longtemps après sa disparition l'historien David Higgs en dresse le tableau[436] :
L'annonce pour le bal de la Mi-Carême 1920 proclame : « Les Travestis seront la majorité[430] ».
Après la fermeture du parc d'attractions en 1934, la salle continue à être utilisée pour des événements. Dont l'élection de Francine Constance, Reine des Reines de Paris 1935[437].
La même année, on relève[Qui ?] une évolution dans le bal de la Mi-Carême. Dans son annonce, il est précisé que[429] :
L'interdiction des travestis marque la fin du temps de la prospérité des bals homosexuels de la Mi-Carême à Magic City.
En 1937, c'est à Magic City qu'a lieu l'élection de la Reine du 7e arrondissement de Paris[431].
Les restes de Magic City seront finalement liquidés, reconvertis en studio de télévision en 1942.
En 1923, le Comité des fêtes de Paris veut jeter la tradition par-dessus bord et supprimer tout simplement la Mi-Carême. Expression de cette politique est lisible le 12 janvier 1923 dans L'Homme libre[439].
En 1923, le Comité des fêtes de Paris annonce que dorénavant il ne récompensera plus la beauté mais la vertu et le travail. Un journal titrera même son article de compte-rendu de la nouvelle orientation : « Paris renonce à la beauté[440] ». En réalité, chose bien peu originale, sous le nom d'abeilles le Comité a « réinventé » la très classique rosière.
Succédant aux vingt reines d'arrondissements et à la Reine des Reines de Paris de 1922, en 1923 sont élues vingt « abeilles » et une « reine des abeilles » choisie parmi elles. Il n'est plus question d'élire des Reines et une Reine des Reines. Est également élue une abeille des Corses et une abeille des Angevins de Paris[441].
L'idée de faire figurer à la Mi-Carême une Reine des Abeilles n'est pas nouvelle. En 1914, neuf ans auparavant, Orléans avait déjà vu défiler à la Mi-Carême une jeune fille montée sur un char ruche et figurant une Reine des Abeilles[442].
Poursuivant à Paris la politique déjà observée en 1922, le Comité des fêtes annonce que la reine des abeilles va recevoir d'importantes récompenses matérielles, dont des meubles.
Vers la même époque, un membre du Comité propose que la fête soit déplacée à un autre moment de l'année où le temps est meilleur[440].
Fin 1923, le Comité des fêtes se révèle incapable de verser les récompenses promises. L'avenir des festivités de la Mi-Carême paraît compromis, au point que l'Almanach illustré du Petit Parisien en entrevoit la fin et l'annonce pour mars 1924[443] :
En 1924, le Comité des fêtes n'organise pas d'élections de Reine (des abeilles ou Reine des Reines) et ne prévoit aucun cortège pour le jeudi de la Mi-Carême 27 mars. Le président du Comité démissionne.
Dans sa lettre de démission il précise que le Comité a décidé dès 1922 la suppression de « la mascarade de la Mi-Carême » pour protéger les reines qui défilent :
En 1924, pour sauver la fête du désastre, un cortège est improvisé le jeudi de la Mi-Carême 27 mars. Il est clos par un défilé en camions fleuris portant des animaux primés au Salon de l'Agriculture[445]. Confirmant, s'il en était besoin, la popularité de la fête, en dépit d'une pluie battante et ininterrompue, la foule est au rendez-vous[446]. C'est une Promenade du Bœuf Gras ajoutée au cortège où la Reine des Abeilles 1923, faute d'une nouvelle élue pour 1924, défile à nouveau. Le Bœuf Gras, lui, n'est pas sorti depuis 1913.
Deux jours plus tard, le 29 mars, dans Le Journal amusant, René Dubreuil s'interroge sur la disparition de la fête de la Mi-Carême[447]. Il en avance la raison, c'est que :... « il y avait autrefois, à Paris, un Comité des Fêtes, aussi en avions-nous quelques-unes. Aujourd'hui, il y a deux Comités des Fêtes, et c'est pour cela qu'il n'y a plus de fêtes du tout ! Si nébuleux que ce raisonnement puisse être, il comporte une part de vérité. »
Le lendemain dimanche 30 mars, dans la banlieue de Paris défile la cavalcade de la reine des blanchisseuses de Boulogne-sur-Seine.
Le journal Le Matin écrit à cette occasion[448] :
Fin juin 1924, la presse annonce que Jeanne Champ abeille du 19e arrondissement a été élu Reine de Paris[449].
Fin 1924, devant son échec, le Comité des fêtes de Paris, contraint et forcé de faire allégeance à la tradition parisienne, renonce à ses idées de tout changer. Il retourne aux pratiques habituelles de la Mi-Carême comme décrit le 20 novembre dans Paris-soir[451].
Dans les années 1920, l'élection de la Reine des Reines de Paris est à nouveau régulièrement organisée, cependant qu'existe parallèlement une « Reine de Paris ».
Le Matin du 7 mars 1929 explique la relation existant entre la Reine des Reines de Paris et la Reine de Paris élues chaque année pour la Mi-Carême[452] :
L'Intransigeant nous apprend que le jeudi de la Mi-Carême un peu partout à Paris « on a promené des bœufs gras. Et pour ces promenades dans nos rues, les voitures des bouchers étaient fleuries, enrubannées et les chevaux eux-mêmes portaient des cocardes[453]. »
En 1927, dans la description du cortège de la Reine de Paris apparaît à nouveau le bœuf gras :
Trois photos de presse du passage du cortège de la Mi-Carême place de l'Opéra, le montrent que cette fête déplace toujours des foules énormes[455]. Et « Sur les boulevards la foule était dense et joyeuse et parsemée de nombreux costumés[456]. »
Cette année-là, le bœuf gras fait encore partie du cortège :
Le Temps écrit en 1926[457] :
On peut voir sur Internet 1 minute 46 d'actualités cinématographiques de la British Pathé à propos de la Mi-Carême parisienne 1926, avec notamment un plan d'ensemble de la fanfare bigophonique belge du Soutien de Saint-Gilles, costumée en pierrots, défilant dans le cortège de la fête. À la fin on voit les Reines de la Mi-Carême, très probablement à leur sortie de la mairie du 12e arrondissement de Paris. Parmi elles on distingue la Reine des Reines Mathilde Isembart qui porte un bâton surmonté d'un emblème[13].
Cyrano, satirique hebdomadaire écrit le [462] :
Le jeudi de la Mi-Carême n'est pas organisé de défilé[463]. Comme le note le journaliste correspondant à Paris du quotidien L'Ouest-Éclair dans son compte-rendu de la journée : « Il est vrai que les organisateurs des fêtes avalent supprimé le cortège (ce qui est assurément une façon originale d'organiser), pour le reporter au 12 avril[466]. » Le cortège défile ce jour-là[467]. Le motif de ce changement qui bouscule la tradition est le temps souvent pluvieux en mars à Paris. Raymond de Nys dans Le Petit Parisien approuve l'initiative : « C'était pourtant une ingénieuse trouvaille que d'avoir renvoyé la mi-carême après Pâques, et cela donnait au soleil une chance d'être de la partie. Il brillait de tout son éclat. Pour avoir attendu trente jours une occasion de rire et de s'amuser, la foule parisienne — public en or — s'était rangée à l'heure dite au long des avenues et des boulevards ou allaient passer les reines[468]. »
Dans les années 1930, l'existence d'une Reine de Paris concurrentielle à la Reine des Reines de Paris amène une confusion qui voit, par exemple, à vingt jours d'écart, le même journal appeler en 1933 Henriette Pointal « Reine de Paris[469] » et « Reine des Reines de Paris[470] ».
Cette confusion est d'autant plus facile à faire qu'aucun de ces titres ne correspond à une véritable fonction officielle.
Dès la Mi-Carême 1929, L'Ouest-Éclair relevait cette rivalité royale dans un article très critique de compte-rendu du défilé parisien intitulé La tradition s'en va : à Paris, la Mi-Carême fut lamentable, Quelques chariots branlants, 7 ou 8 limousines d'officiels... C'est tout[471] :
En 1934, les organisateurs du cortège central de la Mi-Carême parisienne renoncent à l'organiser, invoquant pour motif le deuil national décrété en France à la suite du décès du roi Albert Ier de Belgique[464]. Il peut s'agir d'une dérobade de leur part. En effet, il n'y a pas de deuil national au moment de la Mi-Carême en 1935, 1937, 1938 et 1939, et il n'est pas non plus organisé de cortège central. À lire la presse parisienne, il semble que les organisateurs de la fête n'ont pas franchement trop envie de l'organiser.
Boire le champagne en compagnie de jolies reines reçues par la presse ou l'hôtel de ville, envoyer les reines distribuer des jouets aux enfants hospitalisés paraît parfaitement leur suffire.
Significatif de cette situation est le compte-rendu des fêtes de la Mi-Carême 1934 que fait Le Petit Parisien :
Là où des initiatives sont prises, il y a des cortèges qui se déroulent avec succès. Mais s'agissant des reines, le comité des fêtes de Paris se bornent à des mondanités officielles et à envoyer ensuite ces jeunes filles faire la charité de leur visite, durant une paire d'heures, aux crèches et aux enfants malades des hôpitaux. Ce « comité des fêtes » n'a plus guère de festif que son nom et son passé.
S'agissant du « cortège de l'esplanade des Invalides », il est organisé par les commerçants et élus du 7e arrondissement dans le cadre de la « foire Saint-Dominique[473] ». Une photo en est conservée et montre des reines posant derrière un char attelé et pavoisé porteur d'un Bœuf Gras accompagné d'employés de la boucherie et passant rue Saint-Dominique[474]. Il existe aussi deux photos du défilé de l'avenue d'Orléans organisé par le syndicat d'initiatives des commerçants de l'avenue d'Orléans[475].
En 1935, la Reine de Paris est interrogée par un reporter pour les Actualités Gaumont. Elle s'apprête à entrer à l'hôtel de ville avec la Reine des Halles. On n'a pas organisé de cortège cette année, pourquoi ? Le prétexte classique de ceux qui ne veulent pas agir est tout trouvé : il n'y a pas d'argent. (Avec la crise) « surtout depuis deux ans, impossible au carnaval de faire des défilés comme autrefois dans la rue[476]. »
Dès le 4 mars 1932, lendemain du jeudi de la Mi-Carême, J. Madelaigue souligne dans L'Ouest-Éclair, l'incompétence, la démission des organisateurs habituels de la Mi-Carême, et l'énorme potentiel, les disponibilités très considérables d'une foule parisienne qui ne demande qu'à s'amuser et qu'on prive de fête au nom de « la crise[477] ».
La réalité se charge de contredire les propos de ceux qui prétendent enterrer la fête au nom de « la crise » : le jeudi de la Mi-Carême défile un grand cortège[476]. C'est le dernier cortège du Bœuf Gras sorti à grande échelle à Paris au XXe siècle[480].
L'année suivante, un journaliste commentant aux Actualités Éclair la réception des reines de la Mi-Carême à l'Élysée laisse entrevoir son souhait de voir disparaître cette fête :
Les étudiants, eux, restent fidèles à la fête. Le Petit Journal rapporte, avec photo à l'appui, que le jour de cette « Mi-Carême froide et grise » (où le temps donc a été mauvais) « Un joyeux monôme d'étudiants, après avoir défilé dans les rues de Paris, s'est disloqué place du Tertre devant la mairie de la commune libre de Montmartre[482]. » Le Petit Parisien, de son côté, remarque, sans la nommer, la place de la faluche dans la fête étudiante, et parle d'un « Monôme plein de bérets et de chansons, qui marquera au moins cette mi-carême dans nos rues[483]. »
Traditionnellement, la Reine des Reines de Paris est reçue par le Préfet de police de Paris. Cet événement marquant les liens traditionnels d'amitié existant entre le Carnaval de Paris et la police de Paris. Dans les années 1930, les modalités de cette réception sont modifiées. Dorénavant, c'est l'épouse du Préfet de police qui reçoit la Reine des Reines de Paris[484].
En 1939, le refus d'organiser le cortège central de la Mi-Carême fait que ce jour-là, comme le relève L'Intransigeant, seuls « les étudiants ont organisé un joyeux cortège, qui a quitté le Quartier Latin à 14 h. 30 et qui, après avoir traversé les grands boulevards, s'est disloqué place du Tertre[485]. » Le journal parle de la désaffection de la Mi-Carême tout en oubliant de relever et souligner la démission de ses organisateurs.
Le jeudi de la Mi-Carême , un journaliste parisien se croit enfin débarrassé définitivement du Carnaval de Paris grâce à la guerre.
Il écrit :
Ceux qui, depuis des années, refusent d'organiser la Mi-Carême, ne vont bien sûr rien faire pour cette fête de 1941 à 1945.
Après dix ans d'interruption, le jeudi de la Mi-Carême , cette fois-ci sans Bœuf Gras, défile le dernier grand cortège du Carnaval de Paris au XXe siècle.
Il est organisé par les étudiants, les Forts des Halles de Paris et les grands journaux parisiens. La presse relève que les autorités n'ont pas soutenu financièrement cette initiative festive, car elles préfèrent les commémorations funèbres et patriotiques.
En dépit des moyens matériels réduits utilisés, la fête est un immense succès et la foule est au rendez-vous..
Aux Actualités Éclair le commentateur note nostalgique : « Joyeuse fête de la Mi-Carême vous êtes beaucoup du Paris d'autrefois, un peu du Paris de demain qui nous console du Paris d'aujourd'hui[476]. »
Au début des années 1950 les marchés de Paris élisent pour la dernière fois une reine. Les conditions à remplir pour être candidate sont qu'il faut être fille de commerçants, travaillant sur les marchés pour les aider, souriante et accepter toutes les danses à la fête annuelle des marchés qui a lieu en salle. Faute de candidates répondant à ces critères, la profession se raréfiant, les commerçants des marchés élisent à la place d'une reine l'un d'entre eux. Il est choisi sympathique et âgé. Il reçoit un beau lot, par exemple, un poste de télévision. Cela dure un an ou deux. Puis la tradition est abandonnée[487].
L'existence de reines des Halles est attestée en 1935[488]. En 1955, elles sont encore là et accompagnent les Forts des Halles portant le traditionnel muguet du 1er mai au président de la République au palais de l'Élysée[489]. À présent ces reines de même que les Forts des Halles paraissent avoir disparu depuis longtemps.
Pour la Mi-Carême dans les années 1950 défilent sur les Champs-Élysées des cortèges de centaines d'enfants costumés. Les Archives photographiques de l'Agence France-Presse conservent des photos de ces défilés. Ils sont d'autant plus aisés à organiser qu'à l'époque le jeudi est le jour de congé scolaire hebdomadaire dans les écoles françaises. Cette pratique est déjà attestée à l'occasion de la Mi-Carême 1935[479]. En 1960, le journal France-Soir précise que le cortège est formé de 800 enfants de Saint-Mandé[490].
Puis, la Mi-Carême comme la Promenade du Bœuf Gras est oubliée avec le reste du Carnaval de Paris jusqu'en 1993.
La tradition des reines se maintient chez les forains qui continuent à élire l'Esméralda des forains[491].
Jusqu'au début des années 1980 cette élection est suivie par un défilé de vingt à trente chars dans Paris. Chaque char représentant un métier de la foire. Sur le dernier la reine des forains prend place.
Des amicales parisiennes d'originaires ou descendants d'originaires de provinces de France conservent la tradition des reines. Il existe toujours une Belle Pastourelle des Auvergnats de Paris. Il a existé une Reine des Bretons de Paris, etc.
La Mi-Carême, grande fête ouvrière et populaire a vu son organisation dans la rue confisquée par les maîtres de lavoirs à partir de 1891. Par la suite, d'autres leur ont succédé. La fête a été fragilisée, devenant dépendante du bon vouloir de comités subventionnés. Elle a perdu de sa vitalité tout en restant très bien accueillie par la foule parisienne réduite à l'état de spectateurs auxquels l'usage des serpentins est interdit dès les années 1890 et celui des confettis à partir de 1919.
Au début des années 1920, l'évolution moraliste et peu festive du Comité des Fêtes de Paris, sa crise et son déni des traditions, conduisent au recul général du Carnaval de Paris privé par ailleurs du cortège du Bœuf Gras des jours gras.
Recul que renforce l'absence de maire de Paris[493] et la suppression des congés scolaires du Carnaval dans les années 1930. Officiellement les congés scolaires des écoles primaires, lycées et établissements secondaires de Paris pour les jours gras, c'est-à-dire le Carnaval, ne sont pas supprimés mais regroupés avec les congés scolaires de la Pentecôte. Ainsi les enfants et la jeunesse parisienne sont empêchés de faire librement Carnaval. Seuls les facultés et établissements d'enseignement supérieur ont alors congé. Ce qui concerne à l'époque un nombre réduit de personnes. Sachant qu'en 1930 il y a seulement 78 000 étudiants dans toute la France[494], pour une population totale de 41 millions 340 000 habitants.
Concernant le regroupement, à Paris, des congés scolaires des jours gras avec ceux de la Pentecôte, Le Temps écrit le [495] :
Ce n'est donc pas la première fois que cette mesure est prise.
De 1891 jusqu'aux années 1930 la fête féminine résiste tant bien que mal à ceux qui veulent la transformer en autre chose[496].
Les dernières lueurs de la Mi-Carême parisienne sont les défilés d'enfants costumés organisés sur les Champs-Élysées dans les années 1950[497][source insuffisante].
Le coup final intervient en 1953 lorsque la Préfecture de police de Paris interdit « afin d'éviter tout risque d'incident » un cortège d'écoliers costumés qui devait remonter les Champs-Élysées, précédé de voitures anciennes et suivi d'un char portant un énorme dragon[498]. La Mi-Carême des enfants disparaît dès lors de la mémoire collective. La grande fête étudiante correspondante, après avoir prospéré durant plus d'un demi-siècle à partir de 1893, a disparu elle aussi. Ces festivités sont remplacées par le monôme du bac qui monte en puissance dans les mêmes années, mais ne tardera pas à prendre un caractère tout différent.
En 1993, au cours des recherches entreprises sur le Bœuf Gras pour sa renaissance, Basile Pachkoff se trouve rapidement confronté à une masse d'articles sur la Mi-Carême, rangés avec ceux concernant le Bœuf Gras dans les dossiers Actualités Carnaval de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, qu'il consulte. D'abord il ne s'y intéresse pas. Puis la curiosité aidant il dépouille la masse d'articles. Il apprend entre autres que les premiers échanges entre la Mi-Carême parisienne et une ville hors de France se sont faits avec Turin en 1904-1905. Or, il connaît Turin, le Piémont, et a des amis là-bas.
Des contacts sur place sont pris avec la mairie de Turin, la région Piémont, le Comité des fêtes de Verceil[499], des associations et des particuliers dès 1994 pour renouer les liens carnavalesques qui existaient jadis.
Au marché de Porta Palazzo où furent élues les reines turinoises venues à Paris en 1905 et 1914 pour la Mi-Carême il n'y a plus de reines depuis très longtemps.
En 2005, après onze ans d'efforts, est finalement renoué le lien carnavalesque pas seulement avec Turin mais avec l'Italie en général. De nombreux étudiants des Beaux-Arts d'Italie, à l'appel de leur Comité National[500], avec les étudiants de la société festive traditionnelle de la Goliardia de Turin, participent au Carnaval de Paris. Ils viennent célébrer festivement le centième anniversaire de la participation italienne à la mi-Carême parisienne en 1905.
À cette occasion un traité carnavalesque italo-français est signé sur l'hôtel de ville de Paris.
Aux écosseuses, marchandes d'oranges[21] et harengères[224] succédèrent jadis les blanchisseuses. La disparition des lavoirs n'explique pas celle de la Mi-Carême. Car il existe toujours beaucoup de groupes, sociétés ou corporations très féminins, par exemple dans les hôpitaux. Les femmes du personnel hospitalier n'ont jamais participé à la fête. Car jusque vers 1940-1950, c'était des religieuses. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
En 1994, plusieurs reines et rois : Ophélie, reine de Paris, Alexandre, prince de l'étable, Zizi Chiffon, reine des biffins[502], le roi des bouchers[503], sont pressentis pour participer au cortège de renaissance du Bœuf Gras, prévu pour 1995[504]. Celui-ci est annulé, faute d'autorisation pour défiler. En 1996, est envisagé que le Carnaval de Paris retrouve une de ses sources dans les marchés parisiens, jadis acteurs importants de la Mi-Carême. En 1998, c'est la renaissance du Carnaval de Paris dans la rue avec la réapparition du cortège de la Promenade du Bœuf Gras. Le Mardi Gras n'étant plus chômé à Paris, depuis longtemps, il sort un dimanche. À partir de 2002, la date annuelle de sortie est fixée le Dimanche Gras, dimanche qui précède le Mardi Gras.
La fête sœur du Bœuf Gras, c'est la fête des blanchisseuses, la Mi-Carême au Carnaval de Paris.
La Mi-Carême était jadis un jour en partie chômé à Paris, comme le rapporte par exemple Le Petit Parisien en mars 1909 : « Les ateliers s'étant clos vers midi et nombre de magasins ayant eux aussi fermé leurs portes, petites-mains, cousettes moqueuses, midinettes aux beaux rires gais d'écolières, employés de l'un et l'autre sexe, s'étaient envolés comme émerillons qu'on décapuchonne[505], prêts aux batailles à coups de confetti, aux intrigues masquées, et bien résolus à prendre leur part de gaité[506]. »
La Mi-Carême était encore en partie chômée à Paris en 1946. Les administrations parisiennes donnèrent congé aux employés l'après-midi du jeudi 28 mars pour leur permettre de participer à la fête. Mais aujourd'hui, la journée de la Mi-Carême n'est plus chômée, même en partie. C'est pourquoi, en avril 2008, Basile Pachkoff a proposé la renaissance de la fête des blanchisseuses pour le dimanche qui précède la Mi-Carême. L'association festive féminine Cœurs-Sœurs, créée en référence à la Corda Fratres[507], a pris en charge l'organisation de cet événement. Présidée par Alexandra Bristiel elle a proposé qu'à cette occasion toutes les femmes se costument en reines et les hommes en femmes, en référence au Carnaval de Dunkerque et aux Carnavals d'Allemagne. Le défilé a eu lieu le de la place du Châtelet à la place des Vosges en passant par le Marais. La presse s'en est fait l'écho[508]. La Fête des blanchisseuses, baptisée Carnaval des Femmes ou Fête des Reines des Blanchisseuses de la Mi-Carême, a lieu à nouveau depuis chaque année le dimanche qui suit le jeudi de la Mi-Carême[509].
L'affiche en couleurs de la renaissance de la Fête des Blanchisseuses, créée par Alexandra Bristiel présidente-fondatrice de Cœurs Sœurs et déposée au département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France, comporte une grenouille couronnée portant un bouquet de violettes et dansant le cancan. Allusion à ce que la Fête des Blanchisseuses était aussi appelée jadis la Fête des grenouilles, en référence à l'eau omniprésente au lavoir. Le bouquet de violettes rappelle le mode d'élection des reines de lavoirs décrit en 1868 par Timothée Trimm dans Le Petit Journal et les bouquets de violettes lancés sur le cortège par Jules Védrines du haut de son aéroplane en 1911[379]. Le cancan est une danse inventée par les blanchisseuses de Montmartre.
Le , Alexandra Bristiel devient présidente d'honneur de l'association Cœurs Sœurs. Basile Pachkoff est élu président.
La quatorzième édition de la Fête des Blanchisseuses est programmée pour le dimanche .
Chansonnette créée par Mlle Valti, à la Scala.
Paroles de A. Poupay. Musique de E. Spencer
- 1 - Dans le corps des blanchisseurs Refrain V'là la rein'qui passe! |
- 2 - Cette année on a choisi - 3 - Déjà plus d'un reporter |
- 4 - Comme aux grand's célébrités, - 5 - Tous les jours à son lavoir, |
On peut voir aussi sur la base iconographique Commons, des portraits et des vues des chars de parade des Reines du Carnaval de Paris.
Concernant la Reine des blanchisseuses de Paris, la Reine des chiffonniers de Paris, les Reines venues à Paris des provinces françaises ou de villes hors de France, et les Reines, Rois, demoiselles et garçons d'Honneur de Paris en général, voir l'article Reines du Carnaval de Paris
Liste complète des 51 Reines des Reines de Paris :
Liste à compléter :
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Liste lacunaire à compléter : Elle a été filmée en 1897 par Georges Méliès (2 films) et par les équipes des frères Lumière (1 film). En 1899 par les équipes des frères Lumière, et par d'autres en 1905, 1909 et 1912. Ainsi que pour les actualités Éclair en 1911, 1922, 1929, 1930, 1933, 1935, 1936, 1937 et 1946, et pour les actualités Gaumont en 1935. On peut consulter sur Internet un documentaire d'1 minute 46 montrant la Mi-Carême 1926 filmée par la British Pathé. On voit notamment une grande troupe de musiciens costumés en pierrots : les 153 bigophonistes belges du Soutien de Saint-Gilles. Tout à fait à la fin on voit la Reine des Reines de Paris 1926 Mathilde Isembart[568]. On peut également voir sur Internet des images tournées par la British Pathé à l'occasion des éditions 1920, 1921, 1922, 1928 et 1931 de la Mi-Carême parisienne.
Les films de Méliès et les films de 1905, 1909 et 1912 sont perdus. Les autres, à part les deux films Lumière et les films de la British Pathé, sont facilement consultables au Forum des images de la ville de Paris.
Pour plus de détails voir la Filmographie du Carnaval de Paris.
On peut en voir au moins 176 sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France :
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